ElbeneAu regard de certaines décisions et déclarations de hauts responsables du gouvernement actuel, la Tunisie aurait définitivement coupé avec la politique des privatisations des années 80 et 90 et adhéré, sans aucune communication et sans aucun effort pédagogique, à la nouvelle orientation mondiale, le capitalisme d’Etat.

En témoigne la récente décision prise, ces derniers jours par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), bras financier de l’Etat. Cette institution vient de présenter une offre d’acquisition de l’usine de lait de Sidi Bou Ali à la Cour de Sousse, fermée depuis 2018 par l’effet de la mauvaise gouvernance.

L’usine de Sidi Bou Ali, une référence dans la production nationale de lait et de produits laitiers, avait vu le jour le 13 juin 1978. À son apogée, l’usine produisait entre 400 000 et 500 000 litres de lait par jour pendant la période de pointe, de janvier à avril, avec une baisse à environ 300 000 litres par jour durant les mois d’été.

Privatisée en 2005, l’usine a été cédée à deux investisseurs tunisiens pour la somme de 8 millions de dinars, avec toutefois une participation de 15 % de l’État, via la Banque Agricole, dans le capital de l’entreprise.

En attendant le verdict de la justice qui permettra ou non de valider cette acquisition, cette décision vient démontrer de manière claire que l’Etat, lassé et irrité par les pénuries de lait et d’autres produits (sucre, café…) est déterminé à contrôler dorénavant les entreprises de production jugées stratégiques. Entendre, quelque part,  par là : l’Etat social-providence de Kaïes Saïed, n’a pas plus confiance dans le privé qui s’est avéré incapable d’approvisionner régulièrement le marché en produits de base essentiels.

Et pour ne rien oublier, la fermeture de cette entreprise stratégique depuis sept ans, a entraîné la suppression de 200 postes d’emploi. Actuellement, 154 employés demeurent à la disposition de l’entreprise, sans rémunération, depuis plusieurs années.

ABS