La nécessité de faire évoluer le concept traditionnel de gestion intégrée des ressources en eau à la lumière des nouveaux défis, a été soulignée par les participants à une Session thématique sur le «Mix hydrique et nouvelle vision de la demande à l’horizon 2050″, organisée, mardi à Tunis dans le cadre du 5ème Forum méditerranéen de l’Eau.

Cela passe, selon les participants à cette session, par le renforcement du concept même d’intégration, qui touche à la fois la nature des ressources à prendre en compte (conventionnelles et non conventionnelles, de surface ou souterraines) et la prise en compte d’autres politiques sectorielles liées à l’eau, telles que l’agriculture, l’alimentation, l’énergie, la préservation du milieu aquatique, la santé, le modèle socio-économique.

Cette approche intègre aussi l’aspect de la qualité de l’eau, qui concerne à la fois les méthodes d’utilisation des ressources et la nécessité d’un traitement adéquat des effluents avant leur rejet et d’un contrôle adéquat de l’ensemble du cycle d’utilisation et de rejet.

Elle met, par ailleurs, l’accent sur la nécessité de disposer de données de qualité sur les ressources disponibles et les demandes à satisfaire à différents horizons temporels, dans lesquels les scénarios de changement climatique doivent être pris en compte pour la formulation de plans réellement adaptatifs à cette nouvelle réalité menaçante.

Elle exige, en outre, une révision des stratégies d’allocation des ressources aux différents usages potentiels, en identifiant les priorités d’allocation mais aussi en promouvant des politiques d’économie de la demande et de la consommation et , bien sûr, de suppression de fuites.

Intervenant, le secrétaire d’Etat chargé des Ressources hydrauliques, Ridha Gabouj a souligné l’importance de mobiliser les fonds nécessaires à l’échelle de la région méditerranéenne pour faire face aux changements climatiques qui s’exacerbent.

« Le coût de l’inaction serait lourd à supporter » a-t-il estimé.

Soulignant que la Tunisie a mis en place, depuis l’indépendance, une politique combinant l’accroissement de l’offre en termes de ressources en eau (construction de barrages, de conduites de transfert, dessalement…) et la gestion de la demande (stratégies d’économies d’eau, politiques tarifaires, recours aux sources non conventionnelles…), le secrétaire d’Etat a reconnu toutefois que le secteur national de l’eau est confronté à plusieurs problèmes et défis.

Il s’agit principalement, selon lui, de « l’accroissement des besoins des différents secteurs, de l’envasement des barrages avec un taux d’envasement moyen de 23%, de la surexploitation des nappes phréatiques (sur les 45 mille forages existants 30 mille sont illicites), de la hausse de la salinité dans les zones d’évaporation et de la succession des années de sécheresse depuis 2017 avec la chute de la production céréalière et l’hémorragie en devises qui en découlent… »

« Face à tous ces défis, la Tunisie a élaboré l’étude « Eau 2050 » destinée à présenter une vision cohérente et une stratégie concertée pour le secteur de l’eau. Cette étude dont la mise en Å“uvre nécessite la mobilisation de fonds colossaux de l’ordre de 70 milliards de dinars, vise à aboutir à un équilibre entre l’offre et la demande », a noté la même source.

Parmi ses objectifs, Gabouj a cité la maintenance des infrastructures existantes, la mise en place de nouvelles infrastructures nécessaires, la recharge des nappes, la limitation de l’évaporation des eaux au niveau des barrages, la généralisation de l’irrigation intelligente, le recours aux nouvelles technologies pour la détection des fuites et des pannes, le transfert des eaux traitées des zones de traitement vers les zones de production…. .

Le 5ème Forum méditerranéen de l’Eau, se tient à Tunis du 5 au 7 février 2024, à l’initiative de la SONEDE, de l’Institut méditerranéen de l’eau et de l’Union pour la Méditerranée.