Délaisser les interventions fragmentées de développement sectoriel au profit d’une gestion intégrée et durable des ressources (Eau, Energie, Alimentation), qui tient compte des interdépendances entre ces différents écosystèmes, est indispensable pour réaliser un développement durable et résilient aux différentes menaces, notamment climatiques, c’est ce qui ressort d’une session thématique sur le Nexus WEFE « Eau/ Energie/Alimentation/ Environnement » organisée, mardi à Tunis dans le cadre du 5ème Forum méditerranéen de l’Eau.

Le professeur Michael Scoullos, président du Partenariat Global pour l’Eau en Méditerranée, a plaidé à cette occasion, pour un changement de paradigme à l’échelle internationale et régionale en favorisant un virage vers des systèmes alimentaires durables qui adoptent l’approche du nexus des écosystèmes eau-énergie-alimentation (WEFE), développée par l’Organisation des nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).

Dans le cadre de cette approche, l’eau, l’énergie, l’alimentation et les écosystèmes ne sont plus considérés comme des éléments séparés et isolés, mais plutôt comme des composantes interconnectées. L’eau est nécessaire pour produire des aliments et de l’énergie, tandis que l’énergie est nécessaire pour stocker et distribuer les aliments et pour extraire, transporter et traiter l’eau. La préservation de toutes ces composantes à travers une approche transversale basée sur une gestion rationnelle des ressources est nécessaire.

Scoullos pense que les approches sectorielles ne sont plus suffisantes pour relever les défis relatifs à la pénurie d’eau, à la perte de biodiversité, à la sécurité alimentaire et énergétique et à l’inclusion sociale, dont la résolution passe inévitablement par une bonne compréhension des interconnexions et des compromis significatifs entre les secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et les écosystèmes.

Selon lui, l’approche du Nexus WEFE est cruciale pour réussir la transition vers une économie verte et un développement durable à l’échelle des pays et elle peut également favoriser la résilience climatique à l’échelle de la Méditerranée, grâce à des pratiques intégrées pour la sécurité des ressources naturelles.

Le président du Partenariat Global pour l’Eau en Méditerranée a, à ce niveau, souligné la nécessité, pour l’implémentation d’une telle approche, d’une volonté politique de haut niveau, soutenue par un système de gouvernance transversale impliquant toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé.

Il pense aussi que l’innovation technologique et les solutions basées sur la nature pourraient favoriser une telle approche et minimiser les coûts de la gestion durable. L’innovation sur le plan financier pour mettre en place les instruments de financement nécessaires aux solutions de Nexus WEFE est aussi nécessaire.

Participant au débat, Hedi Chebili, représentant du ministère de l’Environnement, a souligné l’importance d’une telle approche multidisciplinaire qui, à traves les interconnexions qu’elle établie entre les différentes ressources, favorise une meilleure résilience des écosystèmes, face aux changements climatiques, démographiques et urbains actuels.

Il a mis l’accent sur la nécessité de mieux comprendre la situation pour identifier les besoins et mettre en œuvre les actions adéquates, précisant à cet égard que la Stratégie nationale pour la Transition écologique élaborée par le ministère réserve son axe 3 à la préservation des écosystèmes et au renforcement des interactions entre leurs diverses composantes.

Pour sa part, Imed Ben Lili, représentant de la SONEDE, a affirmé que la société œuvre à travers ses projets d’infrastructures, notamment ceux relatifs au dessalement des eaux de la Mer, à adopter une approche qui combine différentes ressources notamment l’eau et l’énergie. L’orientation dans l’avenir consistera à développer davantage le recours aux énergies renouvelables dans le cadre de ces projets, a-t-il souligné.

Selon la même source, la SONEDE est également ouverte à toute approche qui établirait également des interconnexions et des interactions efficaces entre les ressources eau, énergie et alimentation, et qui favorise les économies verte et bleue et renforce le développement durable.

Pour la mise en œuvre d’une telle approche, le représentant de la SONEDE pense qu’il est indispensable d’éviter les approches isolées, d’établir des mécanismes de coordination entre les différentes parties prenantes ( comités interministériels, …), de regrouper toute la data nécessaire et de l’analyser à travers les TIC et l’intelligence artificielle, de mettre en place des plans directeurs intégrés, de prévoir des formations et de mobiliser les financements nécessaires.

Le 5ème Forum méditerranéen de l’Eau se tient à Tunis, du 5 au 7 février 2024, à l’initiative de la SONEDE, de l’Institut méditerranéen de l’eau et de l’Union pour la Méditerranée.