L’ajustement des hypothèses de base de la Loi de finances initiale et la promulgation d’une Loi de finances rectificative ne reflète pas une mauvaise appréciation de la situation de la part du gouvernement, mais confirme plutôt sa bonne gestion des chocs auxquels le pays est confronté et des nouveaux facteurs influençant les hypothèses initiales, a indiqué, mardi, la ministre des Finances, Sihem Nemsia.

Lors d’une séance plénière consacrée mardi, au palais de Bardo à l’examen de la Loi de Finances rectificative pour l’année 2023, la ministre a souligné que les ressources du budget inscrits dans les LF sont des estimations, alors que les dépenses sont préalablement, connues et fixées, ce qui nécessite une loi de finances complémentaire pour pouvoir couvrir les dépenses supplémentaires.

Toujours selon elle, la plupart des pays promulguent plus d’une loi de finances rectificative au cours d’une même année pour actualiser leurs hypothèses.

La ministre a expliqué que l’une des raisons qui justifient le recours à une Loi de Finances rectificative cette année, c’est la grande régression du rendement du secteur agricole à cause de la sécheresse et des changements climatiques, d’autant que 90% de la production agricole est issue de l’agriculture irriguée. Elle a précisé que la production du secteur agricole qui représente 11% du PIB a diminué de 8,7% au cours du premier semestre de 2023, par rapport à la même période de 2022.

Elle a déclaré que le taux de croissance prévu pour l’année 2023 a été revu à la baisse à 0,9% au lieu de 1,8% initialement, prévus en raison de la détérioration de la production agricole.

Elle a évoqué la révision de l’hypothèse du prix du baril de pétrole de 89 dollars à 83 dollars, faisant remarquer que la moyenne des prix du pétrole à l’échelle internationale a atteint 83 dollars/ le baril au 13 octobre 2023. Les prévisions tablent aussi sur des prix de pétrole compris entre 80 et 87 dollars / baril en 2024.

L’augmentation de l’endettement intérieur est expliquée par la non-obtention de crédits extérieurs initialement programmés, a-t-elle aussi fait savoir, soulignant que le ministère des Finances se trouve dans l’obligation de mobiliser des financements pour le trésor malgré les taux élevés du marché intérieur qui dépassent parfois les taux appliqués sur l’endettement extérieur.

Nemsia a fait état de l’attachement du gouvernement à honorer les engagements financiers intérieurs et extérieurs du pays pour préserver son image de pays solvable.

Les interventions des députés, lors de cette plénière, ont notamment porté sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des mesures visant l’encouragement de l’investissement national et étranger pour contribuer à booster la croissance.

Ils ont critiqué le recours excessif à l’endettement extérieur et intérieur pour financer le budget, mettant en garde contre le fait que l’endettement auprès de banques locales assèchera davantage la liquidité dans le pays et favorisera la hausse des taux d’intérêt appliqués aux crédits contractés par les entreprises. Lesquels avoisinent les 14% actuellement.

Ils ont, à ce titre, appelé à faire recours à de nouvelles approches pour financer le budget en soutenant, entre autres, l’investissement public et privé.

Les députés ont par ailleurs souligné l’échec des mesures mises en place dans le cadre de la Loi de Finances précédente pour intégrer le secteur parallèle appelant à changer la monnaie nationale pour lutter contre la contrebande.

Considérant que la Loi de Finances rectificative 2023 n’a pas prévu des mesures au profit du secteur agricole malgré son importance stratégique, ils ont appelé à élaborer un plan d’action urgent au profit de ce secteur et à annoncer l’état d’urgence hydrique.