En ce début de période estivale, Carthage Cement, leader dans son secteur avec 23% du marché, a créé l’évènement en décrochant un contrat à l’export d’un million de tonnes de ciment vers le marché américain avec une option complémentaire de 500 mille tonnes.  Cette commande sera exécutée, sur une période de 18 mois, à compter du mois de septembre prochain.  

Cette information a été fournie par les responsables de la cimenterie, lors de la tenue, le 26 juin 2023, de l’Assemblée Générale ordinaire (AGO) du cimentier.

La réaction du marché boursier ne s’est fait pas attendre. L’action de Cement Carthage a été une des plus demandées durant la période 26-30 juin 2023. Elle a représenté 31% des transactions, selon les intermédiaires en bourse.

Le contrat, un tournant dans la vie de l’entreprise

Au cours de cette AGO, l’accent a été mis sur la qualité de cette opération pour une double raison. Elle constitue un tournant positif dans le processus du développement à l’export de la société dans la mesure où le cimentier est parvenu à pénétrer le marché américain, réputé pour être un marché difficile d’accès. C’est en soi une performance.

Cette opération se distingue également par sa qualité. Elle est fort rémunératrice dans la mesure où il s’agit d’exportation non pas de clinker (constituant du ciment) mais de ciment, produit fini plus rémunérateur.

Cette percée sur le marché américain intervient après celle réussie, il y a une année sur le marché européen. Carthage Cement est, de nos jours, le seul cimentier en Tunisie qui fabrique des produits certifiés « conformité européenne » (CE) destinés au marché européen. Mieux, Ciment Carthage présente l’avantage de fabriquer du ciment conformément aux normes écologiques : zéro carbone.

Le cimentier a exploité cet atout pour lancer en Italie, dans la ville de Manduria en association avec son client Petrocem, une unité de broyage.

Entendre par-là qu’à partir de cette unité inaugurée récemment, Carthage Cement fabrique du ciment européen.

Le pari gagnant sur l’exportation

Par-delà ces performances, la question qui se pose est de savoir comment cette entreprise ingouvernable, il y a sept ans avec moult problèmes (pertes faramineuses, surendettement, effectif pléthorique…) est parvenue à se redresser, à sortir la tête de l’eau et à performer.

La réponse est simple. A l’origine de cet exploit, le pari fait par la gouvernance de la société sur l’exportation.

Il y a une année, Brahim Sanâa, directeur général de l’entreprise déclarait :« la seule voie de salut pour un cimentier qui évolue dans un marché avec un excédent structurel de production par rapport à la consommation est de s’orienter vers l’exportation ».

Pour mémoire, la capacité de production de ciment installée en Tunisie est de 7 millions de tonnes dont 4 millions sont consommés en Tunisie et dont 2,2 millions de tonnes sont produits par Carthage Cement.

Les principaux marchés de Carthage Cement à l’export sont la Libye, l’Afrique subsaharienne, l’Europe et à partir de septembre prochain l’Amérique.

En Libye, Carthage Cement compte 8 filiales en dépit d’une concurrence féroce des cimentiers turcs et égyptiens sur ce marché.

Finalement, au regard de tant de performances accomplies en si peu de temps, il est permis d’avancer que Cement Carthage est en voie de s’ériger en champion national dont d’autres entreprises peuvent s’inspirer.

Le gouvernement serait-il toujours tenté de céder sa participation dans le capital de la société ?

C’est ce qui pourrait pousser le gouvernement à réfléchir deux fois avant de céder à un partenaire stratégique 58,2% du capital du cimentier.

Le gouvernement, qui a constamment besoin de devises pour financer les importations du pays, ne devrait pas, en principe, se passer d’une participation aussi rémunératrice et aussi pérenne en devises.

Pour mémoire, l’Etat tunisien est devenu actionnaire par accident dans le capital de Carthage Cement par l’effet des confiscations, en 2011, des biens de l’ancien président Ben Al, et de son entourage.