La semaine dernière, le Syndicat des producteurs de cinéma et de l’audio-visuel affilié à l’UTICA n’a pas pu poursuivre ses négociations avec le ministère de la Culture sur des questions importantes touchant à la profession. La raison en est plus qu’aberrante : leur légitimité serait mise en cause car la législature de l’UTICA de 5 ans a pris fin sans renouvellement des structures et sans une prolongation à titre exceptionnel après approbation du Conseil national.

Ramses Mahfoudh, président du Syndicat des producteurs de films (UTICA) a reconnu la difficulté d’agir dans de telles conditions : « Nous avons saisi la centrale pour convoquer une assemblée générale élective et nous n’avons pas eu de retour. Devons-nous assumer les conséquences de cette inertie ?»

No comment!

La fédération en charge du secteur du BTP, représentant le secteur de gestion des déchets, a été reboutée au mois de février 2023 pour la même raison. Ses représentants s’étaient rendus au ministère des Affaires sociales pour la signature de l’accord sectoriel paritaire d’élimination des déchets solides et liquides mais la signature a été reportée en raison de la fin du mandat. Rappelons à ce propos que le poids du BTP rien qu’en postes d’emplois est de près de 500 000 d’où l’importance du secteur.

Pour info, la fédération BTP a tenu une assemblée générale où furent présentés les rapports moral et financier pour les années 2021 et 2022. A l’occasion, les chambres et structures de la fédération ont été appelées à continuer d’assumer leurs responsabilités syndicales en s’abstenant de prendre des engagements dont les implications sont financières.

Une recommandation valable pour toutes les autres fédérations car dans le cas contraire, elles encourent des sanctions pénales puisqu’agissant en dehors de toute légitimité électorale. Pire, tout accord, toute négociation peut être remis en cause par n’importe quel membre adhérent arguant qu’elles ne sont plus habilitées à parler en son nom puisqu’il ne les a pas élues. Les structures d’une institution historique connue jadis pour le rôle important qu’elle jouait dans la dynamisation de l’économie nationale, sont aujourd’hui engourdies et ne pèsent plus lourd devant une UGTT omniprésente, solidaire et toute puissante.

Qu’en est-il de l’UTICA ?

A l’UTICA, le capital étant lâche, comme l’a dit un ancien « calife » chef du gouvernement, le silence fait foi ! On oppose aux voix critiques de ceux qui appellent à l’élection de nouvelles structures et au renouvellement du bureau exécutif un mutisme destructeur autant pour l’Institution que pour le secteur privé !

Sommes-nous dans la logique de « J’y suis, j’y reste » aux dépens des intérêts de l’Institution et de ses adhérents et par ricochet de l’économie nationale ?

Tout ceux auxquels on pose la question : pourquoi l’UTICA va mal, vous répondent : il y a une absence totale de communication entre les structures et la centrale.

Et pour cause : durant le mandat de 5 ans qui a expiré le 18/1/2023, il n’y aurait eu aucune réunion des instances de décision du patronat. Aucun Bureau exécutif ne s’est réuni en 5 ans alors que, selon les statuts, les réunions doivent avoir lieu chaque mois.  Aucun bureau administratif non plus, alors que, toujours selon les statuts, il doit se tenir tous les deux mois et aucun conseil national n’a eu lieu alors que traditionnellement il est organisé tous les 6 mois !

Force est de rappeler que l’UTICA encaisse chaque année de l’Etat une subvention de fonctionnement assimilée à des fonds publics, même si l’origine provient d’une partie (0,5%) de la contribution patronale au régime légal de sécurité sociale.

Disposer de fonds publics doit avoir comme corollaire une obligation de rendre compte quant à l’utilisation de ces fonds, de manière transparente, fiable, exhaustive et surtout dans les délais raisonnables pour que l’information ne perde pas de sa pertinence.

La paralysie par force de loi !

A l’UTICA, il n’y a pas eu non plus élection du comité d’éthique et de la commission financière qui contrôle la gestion des deniers publics, nomme le commissaire aux comptes et approuve les budgets et les comptes avant le Bureau exécutif et le conseil national ! Selon certaines informations, l’UTICA ne figurerait même pas au Registre national des Entreprises (RNE) alors que toutes les entreprises, sociétés et associations, quelle que soit leur activité, doivent y être immatriculées.

Rappelons à ce propos, la teneur de la loi organique n° 2017-10 du 7 mars 2017, relative au signalement des faits de corruption et à la protection des lanceurs d’alerte qui stipule ceci « corruption : tout agissement contraire à la loi et aux règlements en vigueur, préjudiciable ou susceptible de porter préjudice à l’intérêt général et la prise illégale d’intérêt. La corruption englobe les infractions de concussion sous toutes ses formes dans les secteurs public et privé, le détournement de fonds publics, leur mauvaise gestion ou leur dilapidation, le trafic d’influence, l’excès ou l’abus d’autorité, et tous les cas d’enrichissement illicite, l’abus de confiance, l’abus de biens sociaux, le blanchiment d’argent, le conflit d’intérêts, le délit d’initié , l’évasion fiscale, le fait de faire échec aux décisions du pouvoir juridictionnel, et tous les faits menaçant la santé publique, la sécurité ou l’environnement ».

Les premiers décideurs de l’UTICA, l’ignoreraient-ils ? Alors même que Hédi Djilani, ancien président de la centrale a été malmené dans les tribunaux pour tout juste avoir voulu aider deux salariés atteints de graves maladies ?

Sont-ils conscients que cette situation empêche les fédérations de l’UTICA d’agir dans l’intérêt de leurs adhérents dans un contexte socioéconomique ou les accords et les négociations avec l’Etat ont très souvent des implications financières ?

De point de vue de la loi, les dirigeants des fédérations doivent-ils s’abstenir de signer les documents et les procès-verbaux des réunions qui entraînent des obligations et des implications financières ou non ? Doivent-ils continuer à assister aux réunions des bureaux comme si de rien n’est ? Et si la réponse est non, comment pourraient-ils avancer sur leurs dossiers ?

Cela s’appelle paralysie par force de loi !

Que se passe-t-il à l’UTICA ? Une gestion à huis clos pour servir les intérêts de qui ? Pas de communication sur les « réalisations » si réalisations il y a, pas d’actions d’envergure pour réfuter les allégations accusant le secteur privé formel de tous les maux alors que l’informel serein, vit en paix occupant les rues et les avenues, agissant dans la clarté du jour sans être inquiété par le fisc alors qu’il menace la sécurité économique du pays !

Aucune campagne communicationnelle n’a été mise en place pour soigner une image ternie par la haine et la vindicte de politiciens ignares économiquement et revanchards humainement !

Hallucinant !

A l’UTICA qui réunit le plus grand nombre des opérateurs privés du pays, il n’y a même pas un centre d’études économiques !

Par manque de moyens ou de volonté ?

Pourquoi faire reculer l’organisation du congrès électif sans même fixer de dates ou un délai ?

Comment défendre le secteur privé pour lequel le temps coûte de l’argent lorsqu’on ne fixe pas un temps pour le renouvellement des structures considérant que cela peut attendre et avec pour seule réponse de la centrale : « il n’y a rien à dire ! »

Ferjani Belhaj Ammar doit se retourner dans sa tombe !

Amel Belhadj Ali