Introduite en Tunisie sous le règne d’Othman Bey aux alentours de l’année 1600 par les premiers Andalous, venus s’installer dans le Cap Bon, la culture de la tomate accapare une place prédominante entre les cultures maraîchères grâce à son large spectre d’utilisation pour ses valeurs nutritives.

La Tunisie compte cinq principales régions de production de la tomate, à savoir le Cap Bon (60% de la production), suivi des gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid, Béja et Jendouba, ce qui fait de la culture des tomates un produit stratégique mobilisant toute une filière et une industrie agroalimentaire qui prend une place très importante dans l’économie nationale avec environ 80% du tonnage transformé, une activité entamée en Tunisie en début du XXème siècle.

La saison bat son plein

De Korba à Kélibia, en passant par Nabeul, la saison de cueillette des tomates destinées à la transformation, cultivées entre février et avril, bat son plein de mi-juin et montera en puissance dans les prochaines semaines dans la région où des norias de camions vont transporter les délicieux fruits rouges vers les usines de conditionnement.

Et c’est au coeur de la première quinzaine du mois de juillet que la transformation démarre pour se prolonger jusqu’à septembre, offrant cinq produits: le double concentré de tomates, le triple concentré de tomates, la tomate pelée, la tomate séchée et le jus de tomate.
D’après les statistiques officielles, 75,5% de la production totale de tomate sont destinés à la transformation alors que 24,5% à la consommation à l’état frais.

Ce qui fait que la filière est sujette à un circuit particulier lié aux intermédiaires, appelés communément des centres de collecte, dont le rôle principal est de collecter la tomate auprès des producteurs et de faciliter son transport vers les usines de transformation.

Au milieu de ce circuit, la majorité des exploitants tunisiens, qui sont des petits et moyens agriculteurs, trouvent des difficultés à acheminer leurs récoltes vers les industries dans des délais courts avant que la tomate serait pourrie, ce qui amplifie le désistement de plusieurs agriculteurs à continuer dans cette activité.

Baise de la production en raison de nombreux problèmes

Le gouvernorat de Nabeul possède les grandes superficies de tomate en Tunisie, 5 000 à 5 500 ha, et présente le premier producteur avec une quantité moyenne de l’ordre de 28 000 tonnes et un rendement considérable de 60 t/ha. Toutefois, ces statistiques sont en baisse au cours des dernières années.

“La récolte est moyenne cette année vu que les superficies consacrées aux tomates dans la région ont régressé passant actuellement à 3 500 ha, la production a baissé à 25% et le rendement a reculé à 50 tonnes tonnes/ha”, a affirmé à l’Agence TAP Mohamed ben Hassen, secrétaire général de la Fédération régionale les producteurs de tomates à Nabeul relevant de l’Union des agriculteurs.

De nombreux problèmes d’ordre structurel, fonctionnel et de gestion ont généré cette situation dans la région et qui mettent en danger l’avenir de la culture de tomate, plante découverte par Christophe Colombe en Amérique de Sud et utilisée autrefois seulement comme plante ornementale appelée “pomme d’amour”.

“Parmi les principaux problèmes auxquels fait face cette activité agricole, la hausse du coût de la production contre la baisse des prix de vente au Kg, le manque des opérations de contrôle-qualité des semences, plants et pesticides utilisés, la pénurie de la main d’œuvre en plus de son coût élevé, la régression du volume des ressources en eau à cause du forage anarchique des puits ainsi que l’absence des mécanismes d’appui et de financement des petits agriculteurs “, a-t-il souligné.

Solutions urgentes

La culture des tomates dans le gouvernorat revêt une importance capitale sur le plan socio-économique dans la mesure où elle regroupe 3500 agriculteurs et offre une source de revenus pour des centaines de main d’œuvre de la région.

“Beaucoup d’agriculteurs sont réticent à continuer à investir dans cette culture pour des multiples raisons liées au contrôle de prix, la rareté des pluie, la hausse des prix des pesticides et de la main d’œuvre, l’augmentation des prix des équipements agricoles et du coût de transport, l’absence de contrôle de la qualité des semences sélectionnées et des plants hybrides, a déploré Mongi, agriculteur à Korba.

Pour remédier à cette situation, plusieurs recommandations ont été formulées pour promouvoir cette activité mais malheureusement n’ont pas étaient prises au sérieux.

“Il s’agit en particulier, le président de la Fédération régionale des producteurs des tomates à Nabeul, de la restructuration du secteur, l’octroi de carte professionnelle, le contrôle des intervenants dans la commercialisation des plants et pesticides ainsi que la mise en place d’une stratégie d’encouragement de l’utilisation de plants locaux.

D’autres solutions portent surtout sur la mise en œuvre de la carte agricole pour améliorer le rendement, la révision des prix à la vente chaque saison et en fonction de la qualité, l’encouragement des petits agriculteurs, la consécration des contrats-programmes, le renforcement du contrôle du forage de puits de surface (30 à 50 mètres) afin de préserver la nappe phréatique.