Au début des années 90, le tourisme écologique a été retenu par la stratégie de diversification du tourisme tunisien parmi les créneaux porteurs à même d’enrichir le balnéaire, d’attirer une nouvelle clientèle et d’étaler la saison touristique. A l’époque, deux zones ont été identifiées pour promouvoir ce nouveau produit. La Kroumirie (Beni Mtir, Aïn Draham, Tabarka, Zouaraa, Aïn Soltane…) avec ses forêts denses, ses paysages lacustres et ses plages sauvages, et les îles de Kerkennah perçues comme un espace exotique décroché et surtout à portée de main.

Abou SARRA

Plus de trente ans après, et concernant la Kroumirie, quelques projets commencent à pointer le nez à Aïn Draham et à Beni Mtir, deux villages créés ex-nihilo à l’époque coloniale et réputés pour leur villégiature sereine.

Enfin, la station thermale Sahline sera ouverte

Le premier projet verra le jour à Beni Mtir, Sidi-Bou de Kroumirie. Il s’agit de l’entrée en service incessante de la station thermale. En stand-by depuis une dizaine d’années, cette station devrait être inaugurée, officiellement, le 1er juin 2022.

La station va exploiter une source d’eau chaude à 73 °C, ce qui en fait la source la plus chaude de la Tunisie et l’une des plus chaudes du monde. Elle est connue pour ses vertus curatives des maladies rhumatismales, inflammatoires et épidermiques.

Cofinancée par l’Union européenne, la station est composée de 80 chalets pour une capacité de 120 curistes.

Elle surplombe le lac de Beni Mtir et offre une vue pittoresque sur de vastes forêts de chêne liège, de chêne zen et de calyptus à perte de vue.

L’hôtel « Les chênes » bientôt rouvert

Le second projet n’est en fait pas nouveau, car il porte sur la réhabilitation et la réouverture de l’emblématique hôtel «Les Chênes» (Nazl el Fernane).

Situé à mi-chemin entre Aïn Draham et Beni Mtir et érigé en pleine forêt, cet hôtel rouvrira ses portes dans 6/7 mois, au grand bonheur des Ain-drahamiens et des férus de la montagne, des promenades piétonnes et de la chasse au sanglier.

Les travaux pour sa restauration ont démarré en septembre 2021 et dureront 12 mois, selon le commissaire régional du tourisme de Tabarka-Ain Draham, Issa Maroueni.

Fermé au temps de Ben Ali par l’effet d’une concurrence déloyale d’hôteliers véreux implantés dans la zone d’Ain Draham à la faveur de la complicité et de la corruption de responsables locaux (municipalité d’Ain Draham), régionaux (gouvernorat de Jendouba) et centraux (ministère du Tourisme), et en ruine depuis une décennie, cet hôtel de trois étoiles va retrouver sa gloire d’antan.

Au programme des travaux de rénovation dont le coût est estimé à 6,5 MDT, figurent le réaménagement de 34 chambres d’une capacité totale de 68 lits, la construction d’une piscine, d’une salle multidisciplinaire, et d’un centre de beauté et de remise en forme (SPA).

Lieu de mémoire pour des milliers de vacanciers tunisiens amoureux de la nature, l’hôtel «Les Chênes» est un des plus anciens hôtels de Tunisie.

Erigé en pleine forêt de Khroumirie, cet hôtel, fondé en 1907, par un groupe international spécialisé dans diverses activités de tourisme et de voyages, était, dans les années 40, un des rares hôtels tunisiens à figurer sur les revues spécialisées – routards et guides touristiques français (Michelin, Joanne…).

Une nouvelle dynamique est enclenchée

Cela pour dire que l’hôtel «Les chênes New look» et la station thermale Sahline de Beni Mtir viendront renforcer les unités hôtelières en place, la station thermale de Hammam Bourguiba, l’hôtel Nour El Ain et l’hôtel Rihana, outre les luxueuses auberges de jeunesse de Beni Mtir et d’Ain Draham.

Parallèlement, appâtés par la disponibilité d’un marché, des particuliers de logements non-occupés ont commencé à les transformer en maison d’hôtes et en gîtes ruraux, parfois de manière anarchique. D’où l’enjeu pour les autorités locales (maires et délégués des deux villages) de veiller à l’organisation de cette activité et de l’adapter au cahier des charges du ministère du Tourisme. Ces mêmes autorités locales sont également appelées à favoriser la création d’espaces de vie (supermarchés) et d’animation pour occuper les visiteurs.

Penser à la logistique

A cette fin, ces mêmes autorités ont tout intérêt à exploiter au mieux le classement des deux villages (Ain Draham et Beni Mtir) en tant que municipalités touristiques pour bénéficier de nouveaux apports budgétaires. Ces derniers leur permettront d’améliorer la propreté, d’acquérir des équipements dédiés à la protection de l’environnement et de créer des circuits touristiques (observation de la nature, randonnées piétonnes, équestres, cyclistes…).

Seule zone d’ombre, la persistance de la fermeture de l’hôtel «La forêt» dont le propriétaire aurait déclaré faillite et fui le pays. Il serait intéressant de revenir à une proposition faite au sujet de cette unité en situation de délabrement total par l’ancien ministre du Tourisme, René Trabelsi. Il s’agit de transformer cet hôtel en une école de formation en tourisme.

L’idéal serait toutefois d’engager une profonde réflexion par des experts (bureaux d’études internationaux) une véritable vision stratégique du développement du tourisme de montagne dans les villages d’Ain-Draham et de Beni Mtir et par ricochet dans les villages collinaires qui les entourent.

A bon entendeur.