Relance du projet d’aménagement de la place de Barcelone sur fond de soupçons de corruption

L’événement, ces derniers jours, a été l’annonce d’une plainte déposée le 26 novembre 2021 par l’observatoire Raqabah – ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption -, auprès du Tribunal de première instance de Tunis. Ladite plainte porte sur des présomptions de corruption et de détournement de fonds publics contre de hauts responsables au ministère du Transport, à la société des Transports de Tunis (TRANSTU), et tous ceux qui seront révélés par l’enquête.

Selon un communiqué rendu public lundi 29 novembre 2021 par l’ONG, il s’agit d’«abus, de dépassements et d’infractions liés au projet d’aménagement de la Boucle centrale du métro léger de Tunis et du pôle d’échange multimodal de la Place Barcelone…», un projet en stand-by depuis 2008.

Présomptions de corruption

D’après l’ONG, des fonds de 15,451 millions de dinars (MDT) ont été dépensés jusqu’en 2012 au titre de ce projet, sans aucune justification. Le projet n’ayant pas connu d’études ou de travaux réalisés sous quelque titre que ce soit jusqu’en 2020.

L’observatoire Raqabah s’est appuyé dans sa plainte sur des données sûres, qu’il aurait tirées des budgets de la dernière décennie, et à la faveur de demandes d’accès à l’information, ayant touché le ministère du Transport, la TRANSTU et le trésorier général de Tunisie.

« Ces données ont montré que les sommes dépensées au titre de ce projet n’ont pas été affectées à ce à quoi elles ont été destinées », note le communiqué.

L’ONG précise que, en dépit de l’engagement pris depuis plus d’une année, par le ministère du Transport et de la TRANSTU en vue de lui fournir les documents prouvant le gel des fonds alloués, elle n’a reçu, jusqu’à ce jour, aucune réponse.

De ce fait, estime-t-elle, les parties concernées auront à se justifier directement devant la justice et à assumer leurs responsabilités.

Comme par hasard, la déposition de cette plainte est intervenue deux jours après la tenue, le 24 novembre 2021, d’une réunion consacrée à la relance de ce projet au ministère du Transport.

Un plan de faisabilité, d’ici fin décembre 2021

Tenue sous la présidence du nouveau ministre du Transport, Rabii Majidi, la réunion, bien que sous-médiatisée, a permis de s’informer de la principale raison qui a empêché la réalisation dudit projet. Il s’agirait d’une estimation erronée du coût total du projet, ce qui a amené la TRANSTU, en sa qualité de maître d’ouvrage délégué du projet, en 2016, à le réévaluer pour un coût global de 300 millions de dinars.

Sur ce montant, 229 MDT seront fournis sous forme d’un prêt de l’Agence française de développement (AFD), outre d’autres apports financiers dont un don de 650 000 euros et une subvention de 6,2 millions d’euros du Mécanisme d’investissement de voisinage géré par la Commission européenne.

La réunion a eu pour mérite de charger un comité de pilotage multidisciplinaire et multi-départemental de présenter, d’ici la fin du mois de décembre, un plan pratique pour la relance de ce projet.

La relance de ce projet est une très bonne nouvelle pour les habitants de la capitale, car une fois réalisé il va améliorer la mobilité à Tunis et permettre aux usagers des transports en commun de se déplacer, dans des conditions confortables, entre les différents modes de transport : métro, bus et RFR (Réseau ferroviaire rapide, actuellement en cours d’expérimentation).

Améliorer la mobilité au centre de Tunis

Dans le détail, soucieuse d’améliorer la qualité de l’offre du transport en commun dans le centre-ville de Tunis, la TRANSTU se propose, par le canal de ce projet, de réaménager le plan de la circulation ferroviaire dans la zone de la Boucle centrale, comprise entre les stations Le Passage, Bab el Khadra et Barcelone.

Ce réaménagement ferroviaire sera accompagné d’un réaménagement des stations avec un point d’orgue la création d’une station pôle d’échange “la station Barcelone“ qui intègrera une station de bus souterraine. Néanmoins, la réalisation de ce projet complexe, qui pourrait durer environ 42 mois environ, intégrant plusieurs corps de métier (génie civil, VRD, voie, système), demeure tributaire d’une bonne coordination entre les différents intervenants et parties prenantes.

Abou SARRA