La Fondation Rambourg Tunisie a, lors de la cérémonie de remise des prix de la 3éme édition du prix de la Fondation Rambourg pour l’art contemporain organisée samedi en fin d’après midi, annoncé les trois lauréats du Prix de la Fondation pour l’Art Contemporain 2020.

Le premier Prix d’une dotation de 50.000 DT a été décerné à Aïcha Snoussi pour son projet “Underwater”, une expérience d’archéologie immersive, une fiction politique faisant immerger à la surface une civilisation future disparue sous les eaux. ”

Pour comprendre Underwater, il faut présenter les découvertes archéologiques béninoises de vestiges aquatiques vieux de 4 000 ans qui appartiendraient à une civilisation queer. Des trouvailles similaires ayant été faites au large de l’île de Zembra, proche de Tunis, Aicha Snoussi projette la création d’une collection archéologique fictionnelle. Celle-ci appelle à la poursuite des fouilles tunisiennes et à la découverte, pour le public, d’un autre récit historique, panafricain et queer.

Quant au deuxième Prix d’une  dotation de 20.000 DT, il a été remporté par Mouna Karray pour son projet “Les Patrons de Ferdousse”, ce projet porte sur la question qui a guidé la réflexion des Patrons de Ferdousse, mère de Mouna à la carrière de couturière qui a traversé tout un pan de l’histoire récente de la Tunisie. En partant de l’histoire intime et personnelle de sa mère, ce sont les grands thèmes ayant parcouru toute la population tunisienne qui sont abordés, en l’occurrence, à travers l’évolution du vêtement féminin.

La compétition serrée entre les douze candidatures finalistes a poussé le Prix à faire place à une troisième distinction, la mention spéciale du jury. Il s’agit de Othman Selmi et de son projet de bande dessinée “Périple à travers les bars méditerranéens” qui se verra gratifié d’une dotation de 10 000 DT.

“Périple à travers les bars méditerranéens” comme il a été présenté ” Ce n’est pas un élan nostalgique, autant qu’il est une tentative de mieux appréhender le monde actuel, ses dérives sectaires et son capitalisme sauvage. ”
Adaptation dessinée du livre du même nom d’Ali Douagi, ce récit de voyage illustré est à mettre en parallèle avec les enjeux géographiques contemporains du durcissement des frontières et du renforcement du nationalisme. Adapter ce texte aujourd’hui, ce n’est donc pas seulement valoriser la beauté du voyage, c’est aussi mettre en avant la zone géographique méditerranéenne comme une place à défendre.

Pour sa troisième édition, le Prix de la Fondation Rambourg a voulu soutenir l’art contemporain issu de la scène artistique tunisienne, informe la Fondation sur sa page facebook.

Plus d’une centaine d’artistes ont postulé avec des propositions et des points de vue très divers et une réelle richesse des approches artistiques.

Le jury composé de personnalités du secteur des arts visuels (collectionneur, galeriste, historien de l’art, curateur, universitaire…) en Tunisie et à l’étranger a établi une première sélection de 12 artistes qui a débouché sur des entretiens et des visites d’atelier.

Le choix final du jury a voulu exprimer la diversité des propositions, le lien avec les problématiques de la Tunisie actuelle, l’engagement personnel et les perspectives sur le collectif des projets retenus.

En effet, les démarches des lauréats retenus par le jury du prix Rambourg reflètent les principales orientations des projets présentés : la mémoire et le récit autour de la collecte d’objets, d’images, d’archives, de paroles. Ces approches s’effectuent pour les trois lauréats dans un premier temps à titre individuel, par leur histoire propre et pratique, puis pour proposer une expérience collective qui montre que des propositions fortes, avec une réflexion sur la société d’aujourd’hui, sont aussi la marque d’un engagement réel de ces artistes sur la scène tunisienne et internationale.

Par ailleurs, les trois lauréats, chacun dans des dispositifs différents, produisent une oeuvre qui s’appuie sur des récits passés qu’ils soient personnels comme pour Mouna Karray ou collectifs pour Aicha Snoussi ou Othman Selmi. Chacun à leur manière montre ce besoin d’Histoire.

Enfin ce choix reflète aussi l’engagement des femmes et de leur rôle sur la scène artistique tunisienne, que ce soit en tant qu’artiste, personne ou pour donner une visibilité aux minorités.

Créé en 2015, ce prix visait à offrir, tous les deux ans, une dotation de vingt mille dinars à 6 jeunes artistes tunisiens afin de les accompagner dans la production d’un projet innovant dans les arts et la culture. Les deux premières éditions (2016 et 2018) ont gratifié douze lauréats dans diverses disciplines artistiques.

Le champ de l’Art Contemporain, en grande expansion en Tunisie et nécessitant une réelle structuration, la Fondation Rambourg a décidé de recentrer le Prix sur ce secteur artistique. L’ambition de ce Prix est de donner un rendez-vous aux acteurs de ce secteur et de leur offrir plus de visibilité.

La troisième édition du Prix Fondation Rambourg pour l’Art Contemporain vise à soutenir de jeunes artistes émergents et à agir pour eux comme un accélérateur. Il n’existe plus de catégories spécifiques ; les projets présentés par les candidats font partie du champ de l’Art Contemporain.