Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDS) appelle à mettre en place un code environnemental global, à ouvrir un débat sérieux sur les industries polluantes en Tunisie, à préparer une génération apte à défendre ses droits environnementaux et à promouvoir des organismes capables de gérer ce dossier.

Dans son dernier rapport sur “le plaidoyer environnemental, de la manifestation au contentieux”, paru en janvier 2021, le forum part d’un constat sur la dégradation général de la situation environnementale dans le pays, affirmant qu’elle est due “à un modèle économique qui ne s’est jamais préoccupé de la question environnementale” et appelle à placer “l’intérêt de l’homme”, au centre de ce modèle, en investissant dans l’économie verte et bleue pour un développement durable.

Le rapport revient sur les pôles de l’industrie minière (Gafsa, Gabès et Sfax), que les gouvernements successifs ont tenté de développer en se souciant uniquement d’avoir “un bon taux de production et sa continuité sans tenir compte des répercussions environnementales et sanitaires et du volume des ressources hydrauliques exploitées”.

Les entreprises publiques qui sont au centre de ces pôles, comptent parmi les plus importantes dans le pays, mais également, “les plus polluantes” à l’instar CPG, le Groupe chimique (Gabès et Mthilla), la SIAP (Sfax) et l’ONAS. Ces organismes sont appelés à adopter toutes les réglementations nécessaires; en commençant par la publication “de leurs rapports et études d’impacts sans falsification”, notamment, en ce qui concerne les impacts environnementaux “.

Le FTDES estime qu’il est temps d’ouvrir un débat sérieux sur l’efficacité de “quelques industries polluantes”, qui ont des répercussions sanitaires et environnementales très graves et de réfléchir bien à ce choix”.

Le forum appelle en outre, à un engagement plus ferme de la société civile, “dans cette bataille à travers la coordination avec les juristes, afin de créer une jurisprudence environnementale capable non seulement de mettre fin aux violations mais apte à ” demander des comptes des polluants et en vue de “les obliger à indemniser toutes les répercussions subies, en se basant sur les rapports d’experts”, et ce en vue de les obliger à respecter les normes suivies à l’échelle nationale et internationale.

Le rapport appelle à la recherche de nouveaux mécanismes “à l’instar de la jurisprudence environnementale, en se basant sur les lois tunisiennes qui pourraient être, malgré leur limite dans plusieurs cas (la protection des entreprises et les avantages présentées à celles-ci) , capables d’arrêter cette hémorragie et d’obliger les entreprises polluantes à cesser les dégâts subis à la nature et à l’être humain.

L’urgence aujourd’hui est, selon le rapport du forum, de continuer à soutenir l’adoption du contentieux environnemental, comme option stratégique de défense des droits de manière à installer une nouvelle dynamique intégrant les mouvements sociaux, les organisations de la société civile, les médias et tous les acteurs soucieux de stopper l’accumulation de la richesse, au détriment de l’environnement et de la santé.

Le FTDES réitère la nécessité de mettre en place un code environnemental global qui comprend les principes fondamentaux, pour expliquer la responsabilité environnementale au citoyen comme aux entreprises (étatiques ou privées).

Par ailleurs, il faut travailler ” à préparer une génération apte à défendre ses droits et les droits des générations futures “.

Pour le forum, il est enfin nécessaire en outre , ” de promouvoir les organismes responsables de la protection de l’environnement comme l’ONAS, l’ANGED et l’ANPE et les mettre à niveau pour pouvoir suivre les violations ” survenues quotidiennement, de manière à ce que ces organismes dépassent ” le rôle de l’assistance technique pour un suivi et des interventions efficaces contre les violations environnementales “.