Selon des statistiques de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les transferts en devises des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE), ont atteint, au 20 décembre 2020 5,55 milliards de dinars, soit une hausse de 539,4 millions de dinars par rapport à la même période en 2019.

Abou SARRA

Ces transferts ont contribué, entre autres, à l’augmentation des réserves en devises de la Tunisie, lesquelles sont estimées, au 7 janvier 2021, à 23,905 milliards de dinars, soit l’équivalent de 162 jours d’importation.

Les avantages de ces transferts

Ce montant d’avoirs en devises, le plus élevé enregistré depuis plus de dix ans, constitue un bon matelas pour le gouvernement.

A rappeler au passage que la collecte des économies des travailleurs émigrés est retenue par la Banque mondiale comme une importante ressource pour renforcer les avoirs en devises des pays émetteurs, particulièrement pour éviter l’impact excessif de l’endettement en périodes de crise. Ce qui est le cas de nos jours en Tunisie.

Pour revenir à l’augmentation des transferts des économies de la diaspora tunisienne, les observateurs citent deux facteurs incitatifs pour expliquer ses origines.

Le premier a trait à la forte dépréciation du dinar depuis 2011, aux alentours de 30%, par rapport aux deux monnaies d’investissement et d’endettement, l’euro et le dollar. Le corollaire étant une parité avantageuse pour les TRE. Elle leur permet de réaliser d’excellentes affaires dans le pays.

Le second facteur porte sur les mesures prises, durant la période estivale de 2020, en faveur des TRE.

Au nombre de trois, ces mesures visent à « permettre aux TRE d’effectuer des transferts, exonérés de frais, à  condition de passer par la Tunisian Foreigh Bank (TFB), à bénéficier de crédits sans intérêts en leur faveur pour un montant maximal de 6 000 euros, remboursables sur 12 mois et à payer les frais de circulation (vignette) de façon mensuelle au lieu de payer toute une année, pour ceux dont la durée de séjour dépasse les 3 mois.

Ces transferts auraient pu être plus importants…

Toujours selon les observateurs de l’économie tunisienne, ces transferts auraient pu être plus importants si la Tunisie avait mis en place, depuis longtemps, une stratégie cohérente pour collecter l’épargne de la diaspora tunisienne estimée à plus de 1,4 million dont près de 100.000 compétences hautement qualifiées (médecins, ingénieurs, hommes d’affaires, chercheurs…).

Il faut reconnaître que des pays comparables, comme le Maroc, le Liban et l’Egypte, font mieux que la Tunisie dans ce domaine.

Jusque-là, les autorités tunisiennes expliquent, essentiellement, la contre performance par trois facteurs : la lourdeur et la lenteur des procédures administratives en Tunisie, l’absence d’une information économique et financière ciblant la colonie tunisienne à l’étranger et les  difficultés d’accès au crédit bancaire local.

Certaines banques multiplient les initiatives ciblant les TRE, soit en bénéficiant des réseaux de banques partenaires soit en par la création de filiales dans les principales pays de résidence des Tunisiens à l’étranger.

Pour une dynamisation de la Tunisian Foreign Bank

Cela pour dire qu’une des principales conditions à réunir pour collecter l’épargne des TRE et tirer le meilleur profit de cette manne, les experts recommandent la création des banques de proximité spécialisées dans la collecte de ces fonds dans les pays émetteurs.

Pour le cas de la Tunisie, la Tunisian Foreigh Bank (TFB), ex-Union tunisienne des banques (UTB), est loin de pouvoir jouer ce rôle stratégique qui lui est dévolu.

Pour preuve, à maintes reprises, les représentants des TRE dans les pays d’accueil ont déploré l’inefficience de cette banque et ont appelé le gouvernement tunisien à sortir cette banque de sa léthargie et à la mettre au service des TRE.

A bon entendeur.