La digitalisation relève d’une approche pragmatique et méthodique. Il y a lieu au préalable de revoir notre façon d’opérer. Comment dès lors répartir les tâches et les responsabilités entre le public et le privé.

Voici les explications de Mejdi Hassan, Pr universitaire, directeur du Centre d’études et de recherche de l’IACE. 

A la question “la sphère technologique fait un remarquable come-back. Vous pensez que le pays est à la veille de négocier son virage vers la nouvelle économie ?“, Mejdi Hassan répond : « Je préfère parler de digitalisation que de nouvelle économie, dans le contexte actuel. Je relève, non sans satisfaction, que le pays, sous la pression de l’urgence de la crise sanitaire, n’a pas manqué de répondant, afin de propulser la dynamique de digitalisation ».

Il estime que « pour faire face aux défis de l’épidémie de la Covid-19, le secteur public et le secteur privé ont agi à l’unisson. Au final, le pays a trouvé ce qu’il faut d’audace, pour aller de l’avant. On a passé le cap et tenu le pari au vu de toutes les plateformes digitales, installées en un temps record et avec une haute efficacité, dans des conditions on ne peut plus difficiles. Et dans tous les domaines, autant du social que du sanitaire et bancaire, pour ne citer que ceux-là ».

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Ceci étant, « bien assurer la transformation digitale est une entreprise complexe et l’implication du secteur privé -et j’ajouterais de la société civile- à tous les niveaux du processus me paraît incontournable. Et la question qui se pose à nous est de savoir si les pouvoirs publics acceptent de reconsidérer leur façon d’opérer, ce qui est rendu encore plus problématique au vu de la tension politique que connaît le pays, à l’heure actuelle », explique l’universitaire.

Concernant le rôle que devraient jouer les start up en matière d’accélération de la digitalisation, Mejdi Hassan souligne qu’«un écosystème de la start up et de l’innovation est en train de se mettre en place…. Cependant, il faut aller jusqu’au bout de la logique pour rassurer les investisseurs. Pour le moment je ne vois pas d’issue majeure pour la fin de parcours d’une start up ».

« A un moment donné, la start up doit pouvoir offrir une perspective de sortie pour ses investisseurs lesquels ne peuvent indéfiniment immobiliser leur mise. Et pour cela, il y a soit la possibilité d’entrée en Bourse, soit le rachat par un grand groupe… », ajoute-t-il.

A propos des appels répétitifs de l’IACE pour aller vers l’Etat 2.0 et l’économie 4.0, son DG souligne : «Vous pensez bien que l’on est forcé et contraint de réunir les moyens de nos ambitions. L’enjeu est capital. On ne peut se permettre de ne pas performer.

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Observez les orientations des plans de relance de par les pays les plus avancés, tous optent pour l’accélération de l’automatisation. Par conséquent, la digitalisation devient inévitable. On ne peut se permettre de rater ce virage. Cependant, … tout le temps qu’on ne bougera pas on ne fera qu’accumuler du retard et cela compliquera la tâche pour tous ».

Par ailleurs, concernant le e-Gov ou l’Open-Gov, Mejdi Hassan estime que, « en toute bonne foi, le retour de confiance n’est pas un mouvement mécanique, simple. Je pense qu’il dépend d’éléments divers et j’en vois trois qui soient essentiels. Le premier d’entre tous est la stabilité sécuritaire et je pense qu’en la matière le pays a bien avancé. Le second est la stabilité politique, car c’est d’elle que dépend la visibilité si nécessaire aux milieux d’affaires pour ancrer leurs anticipations. Et à l’heure actuelle, elle n’est pas encore au rendez-vous. La troisième est la confiance dans la justice. Et je rajouterais un élément corollaire, à savoir la stabilité sociale. Le compte n’y est pas tout à fait ».

Ali Abdessalam