Le secrétaire général du Courant Démocrate, Ghazi Chaouachi, estime que le gouvernement de Hichem Mechichi est soumis à un chantage par son propre soutien politique, en référence au mouvement Ennahdha, Qalb Tounes et la Coalition Al Karama.

” Le gouvernement en place applique par procuration les décisions de la nouvelle Troïka au pouvoir, ce qui risque d’accentuer la crise dans le pays “, regrette-t-il.

Lors d’une conférence de presse organisée mercredi 21 octobre à Tunis par son parti, Chaouachi a fait savoir que sa formation politique va lancer deux initiatives pour tenter d’aller de l’avant sur la voie de la réforme.

La première initiative consiste à appeler à un dialogue national économique et social sous la présidence du chef de l’Etat, auquel prendront part toutes les parties concernées, notamment les organisations, les associations, les personnalités nationales, les experts et les partis politiques représentés au Parlement ou extra-parlementaires.

Objectif: débattre des questions nationales avec une priorité donnée à l’examen d’un nouveau modèle de développement efficace et le réexamen du modèle d’investissement, la reforme de l’économie parallèle et son intégration dans les canaux officiels, ainsi que l’ouverture du dossier lié à l’économie de rente.

La deuxième proposition du Courant est de nature politique et vise à revoir le système électoral dans sa totalité. Son secrétaire général considère à cet effet que le maintien du système actuel lors des prochaines élections va reproduire le même paysage parlementaire.

Mechichi n’a pas le courage nécessaire pour réviser le système électoral

” Le Courant n’est pas certain que le gouvernement Mechichi possède le courage nécessaire pour réviser le système électoral, surtout que les partis au pouvoir ayant raflé le plus grand nombre de sièges au Parlement n’ont pas intérêt à le changer “, a déclaré Chaouachi.

Il indique que son parti va œuvrer lors de ses rencontres et ses concertations avec les autres parties politiques en vue de trouver une formule pour former des groupes de travail chargés de réformer le système électoral de manière à garantir l’émergence d’un nouveau champ politique lors des prochaines échéances électorales.

” Ce nouveau champ politique sera plus mûr et plus pondéré et concentrera son travail sur les intérêts des électeurs “, a-t-il affirmé.

Briser la nouvelle polarisation…

Pour sa part, le dirigeant au sein du Courant, Mohamed Hamdi, considère que l’expérience des ministres du Courant démocrate au sein du gouvernement Fakhfakh leur a permis de connaître et de se confronter à la réalité du pouvoir.

” La leçon que nous tirons de notre expérience au gouvernement est que la situation de crise en Tunisie n’est pas une fatalité et que la réforme est encore possible dès lors qu’il existe une volonté politique “, pense-t-il.

Hamdi fait observer dans ce sens que le problème de son parti avec le gouvernement actuel n’est pas avec les personnes, mais avec le soutien politique qui appuie le gouvernement et le commande.

Le Courant démocrate, qui est à la tête de l’opposition de par sa représentation au Parlement, va solliciter tous les ” amis ” de la famille de la social-démocratie, notamment les partis représentés au Parlement dont le mouvement ” Echaab ” et ceux qui ne le sont pas à l’instar des partis ” Joumhouri ” et ” Ettakatol “.

Le Courant compte également faire appel à des personnalités dotées d’une autorité morale et qui portent les valeurs et principes de la famille social-démocratie ainsi qu’à des syndicalistes pour qu’ils prennent part à un vrai partenariat à même de renforcer cette famille politique et trouver une formule représentative capable d’unifier les rangs qui ne soit pas forcement sous forme de front.

” Il est question de briser cette polarisation misérable sous laquelle ils veulent soumettre le pays à chaque fois “, a-t-il précisé.

Par ailleurs, il souligne que le Courant démocrate compte coordonner et travailler avec la présidence de la République pour faire face à toutes les tentatives de la ” Nouvelle Troïka” de manipuler la Constitution et des principes démocratiques.

La fraude du 7 octobre 2020

De son côté, le président du bloc démocratique au parlement, Mohamed Ammar, a annoncé que son groupe avait déposé au bureau d’ordre central de l’Assemblée des représentants du peuple, une initiative parlementaire relative au media audiovisuel. Cette initiative n’est en définitive que le même projet retiré il y a deux jours par le gouvernement Mechichi.

Le bloc démocratique avait demandé l’examen en urgence dudit projet, étant convaincu de l’impératif de faire participer les professionnels du secteur des médias et leurs structures dans l’adoption d’une loi organisant le secteur et pour barrer la route aux initiatives qui visent à créer le chaos dans le secteur et ouvrir la voie aux lobbies de l’argent et de la politique pour instrumentaliser les médias et les mettre au pas à des fins et intérêts privés.

Ammar a indiqué que le bloc a chargé un huissier de justice pour constater ” la fraude survenue dans la plénière du 7 octobre 2020 au niveau du décompte du nombre d’élus présents et le nombre de votants “. Il dénonce tous les comportements inadmissibles au Parlement, notamment l’attaque contre la députée Samia Abbou par l’élu de la Coalition Al Karama, Abdellatif Aloui, ainsi que la déclaration de l’un des élus du même groupe sur l’opération terroriste survenue en France; déclaration qui, selon lui, s’inscrit dans le cadre de l’apologie du terrorisme.