Kaïs Saïed est-il réellement patriote ? Autrement dit, aime-t-il la Tunisie et les Tunisiens “sans contrepartie“ ? Est-il conscient que les électeurs ont placé en lui une grande confiance en élisant président de la République ? Donc, peut-il honorer cette confiance placée en lui ? Peut-on sortir des sentiers battus en matière de formation de gouvernement ?

La Tunisie se trouve dans une situation politique extrêmement difficile voire dangereuse : elle n’a pas de gouvernement ; son Parlement laisse à désireux en l’absence d’un parti dominant ; ajouter à ceci que le président de la République n’a pas de réelles prérogatives (il en a mais elles sont plus théoriques que pratique)…

Toutefois, lorsque l’occasion de désigner un chef de gouvernement s’est présentée -après l’échec de Habib Jemli-, Kaïs Saïed avait une opportunité en or de montrer aux Tunisiens qu’il les aimait du fond du cœur.

A l’époque, il avait demandé aux partis et coalitions politiques de lui proposer de noms de candidats “susceptibles de former un gouvernement“. Ce qu’ils firent. Et KS fit semblant d’y choisir un nom qui peut-être était dans sa tête. On connaît maintenant les conséquences de ce choix.

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En effet, dans la liste qu’il avait reçue, il y figurait de grands noms, parmi eux Elyès Fakhfakh bien évidemment. Hélas, il se trouve que le choix de ce dernier n’était pas le bon. Inutile de revenir sur l’incompétence constatée depuis qu’il est à La Kasbah. Et ce qui devait arriver arriva : la démission.

De nouveau, et par les contours de la Constitution, la balle revient à Kais Saied pour nommer un nouveau chef de gouvernement.

Nous pensons que si le président de la République est vraiment un patriote au sens noble du terme, il va saisir cette nouvelle occasion qui lui est donnée pour inaugurer une nouvelle forme de gouvernement : nommer des grandes personnalités (indépendantes ou non) à la tête d’une dizaine de grands ministères –issues des noms proposés par les partis politiques-autour desquels ministères graviteront des “ministres sectoriels“.

Dans nos différentes publications, nous avions suggéré cette formule à Kais Saied, qui n’avait pas voulu le prendre en considération. Le fera-t-il aujourd’hui ? A défaut, va-t-il tenter un gouvernement resserré de compétences nationales “apolitiques“ ?

Une autre option existe: dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple. Mais pour espérer obtenir sans avoir modifié auparavant la loi électorale qui nous a conduits là où nous sommes aujourd’hui, et grâce à elle que lui-même est parvenu à être élu président de la République?

L’essentiel c’est d’imaginer une équipe soudée et compétente capable de sortir la Tunisie du marasme politique, social et économique. Et nous pensons que Kaïs Saïed a l’opportunité de sortir des sentiers battus en matière de désignation et de formation d’un gouvernement. Mais pour cela, il va falloir que soit suffisamment réfléchi, c’est-à-dire qu’il ne se laisse pas guidé uniquement par l’aspect idéologique de la politique. Car, l’histoire a amplement démontré que les idéologies, à elles seules, ne permettent pas de construire quelque chose de solide et durable.

Il doit également comprendre que son idée d’une “République des masses” à la kadafienne ne marchera jamais en Tunisie. A moins d’imposer la dictature. Donc impossible.

Wait and see !

TB

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