La vie politique nous réserve souvent des surprises. C’est le cas aujourd’hui de ce qui pourrait être une réalité dans les prochains jours, au niveau de notre exécutif bicéphale : d’un côté, la présidence de la République, de l’autre, la présidence du gouvernement. Ils étaient concurrents pour la course à la présidence de la République, il y a quelques mois, ils sont, depuis lundi 20 janvier 2020, des partenaires.

En effet, pendant la campagne présidentielle de 2019, Kaïs Saïed et Elyès Fakhfakh étaient tous deux candidats. Le premier est devenu le président de tous les Tunisiens, le second vient d’être désigné, par le premier, président du gouvernement de tous les Tunisiens.

Compte tenu des contours de la Constitution, le président de la République ne jouit que de prérogatives très limitées, alors que le chef du gouvernement ou plutôt le président du gouvernement (c’est son appellation officielle) a des pouvoirs très étendus.

Il se trouve également que ce dernier, en l’occurrence M. Fakhfakh, possède une expérience politique et de gestion que notre président n’en a pas.

Il a été deux fois ministre, du Tourisme, puis des Finances. En outre, et selon son CV, Fakhfakh a occupé le poste de directeur d’un projet de recherche à la société Hutchinson en France ; puis directeur de production à la branche polonaise de cette société.

Il a en outre occupé le poste de directeur général d’une société industrielle tunisienne spécialisée dans les composants automobiles, puis directeur général d’un groupe jusqu’en décembre 2011.

Autant dire que sur le plan de la “gestion“ au sens restreint et strict du terme, Fakhfakh peut être “bon“ pour le job de chef de gouvernement.

Mais nonobstant ces différences de “vécu“, est-ce que les deux peut travailler ensemble pour le bien des Tunisiens ? Nous pensons que oui.

Pour preuve, nous avons ressorti leurs programmes et promesses de campagne (présidentielle de 2019), une compilation faite par notre rédaction. Comme vous allez le constater, il y a quelques points communs… mais bien évidemment beaucoup de divergence qui n’ont pas d’importance étant donné que le “rôle” du président de la République s’arrête -théoriquement- à la nomination du chef du gouvernement.

Produire, puis distribuer

Mais en attendant, Elyès Fakhfakh doit d’abord pouvoir former un gouvernement qu’il présentera ensuite devant le Parlement. Et là, c’est une autre manche, car malgré tous les défis auxquels fait face la Tunisie, notre classe politique se cantonne à des postures idéologiques qui n’ont aucun sens en ce 21ème siècle, en général, et en Tunisie en particulier.

On espère que les députés vont se ressaisir cette fois-ci et nous permettre d’avancer en votant la confiance à l’équipe de Fakhfakh… si toutefois celle-ci en vaut la peine. Et s’il est intelligent, une bonne partie du travail est déjà faite: il devrait, en toute logique, former son gouvernement à partir des noms proposés au chef de l’Etat. Comme cela, les partis ne devraient pas ne pas les voter. Logiquement en tout cas.

Dans tous les cas de figure, tout le monde, les députés en premier, devrait revenir à la réalité qu’on ne distribue que ce qu’on a déjà produit. Il faudra donc repasser par la case “création de richesses”, c’est-à-dire travailler à la puissance “n”. Le populisme de portera pas loin et longtemps!

Kaïs Saïed

  • Le dossier social parmi mes priorités,
  • Promotion des secteurs de la santé et de l’éducation,
  • Fournir la couverture sociale aux citoyens ainsi que les commodités nécessaires, à savoir l’eau potable, l’électricité et le droit à un environnement sain,
  • Une nouvelle vision en matière de gouvernance et développement,
  • Renforcer les acquis de la femme,
  • Lutter contre la corruption,
  • Instaurer une nouvelle stratégie dans le domaine de sécurité afin d’éradiquer le terrorisme,
  • Défendre toutes les justes causes dans le monde dont en premier la cause palestinienne.

Elyès Fakhfakh :

  • Création du tribunal constitutionnel, chargé de mettre en œuvre les acquis de la Constitution,
  • Création d’une agence nationale de renseignements, sous la tutelle du Conseil de sécurité national, pour lutter contre le terrorisme,
  • Garantir la dignité du citoyen et son droit à la santé, à l’éducation et au développement,
  • La Tunisie mérite d’être pionnière parmi les autres Etats grâce à des relations diplomates savamment tissées,
  • La Tunisie, un portail pour les investissements extérieurs,
  • Attirer les organisations et instances régionales et internationales et renforcer le rayonnement de la Tunisie à l’étranger,
  • Garantir le droit du citoyen à une vie décente,
  • Garantir une éducation publique de haut niveau, permettant d’ouvrir de nouvelles perspectives nationales et internationales devant les établissements d’enseignement et les universités,
  • Garantir un système de santé publique efficace,
  • Garantir une administration moderne basée sur la numérisation des services et des transactions, et gérée sur la base de la compétence et non pas l’ancienneté,
  • Mettre en place une stratégie à long terme pour lutter contre la pauvreté et la marginalisation, et garantir une distribution équitable de la richesse,
  • Un Plan national de sécurité pour la jeunesse ciblant les jeunes âgés de 15 à 29 ans, estimés à environ un million de jeunes hommes et femmes, afin de leur proposer des emplois, de les intégrer à la vie active et de leur inculquer une culture du travail et de l’amour de la Patrie,
  • Abolir la peine de prison pour les consommateurs de cannabis et l’examen anal, en tant que pratiques relevant des libertés individuelles.

Tallal Bahoury