«Je ne vais pas revenir sur les résultats de l’enquête qu’on va vous exposer tout de suite, mais je vais vous dire ce que m’a inspiré la pandémie Covid-19 et à quoi elle m’a renvoyé. Elle m’a rappelé qu’au-delà de la performance que tout acteur économique doit réaliser, il faut que l’homme soit le but de toute politique de croissance, car le monde a découvert, à cause de cette crise, la pauvreté dans toute sa laideur. Nous l’avons vu de dans les pays les plus riches et les plus développés et ici en Tunisie, nous, qui en étions déjà conscients, avons réalisé toute sa portée, car face à chaque quartier huppé, nous voyons des quartiers d’une pauvreté inouïe. L’enseignement que nous devons en tirer ? C’est que toute performance économique, toute recherche de gains doit prendre en considération l’importance de l’homme. L’homme qui doit être au cœur de tout développement ».

C’est ainsi que s’est exprimé Habib Hadj Kouider lors de la rencontre co-organisée par l’APTBEF (Association professionnelle tunisienne des banques et établissements financiers) et Tunisia Jobs, pour la présentation des résultats de l’enquête menée conjointement avec l’appui de la Banque centrale et visant à identifier les besoins immédiats des entreprises, essentiellement les PME et les TPE durant la crise et d’en mesurer l’impact sur le secteur bancaire et financier tunisien. Une enquête, financée par l’USAID, qui s’est déroulée entre la mi-mai et la mi-juin 2020.

L’étude sur l’impact de la crise Covid-19 sur les entreprises tunisiennes a été réalisée par le biais d’un questionnaire standard lancé au mois de mai 2020 a touché près de 3 000 entreprises qui ont répondu aux banques et compagnies de leasing à travers leur réseau d’agences.

L’objectif de l’enquête était de mesurer l’impact de la crise sur les entreprises par secteur d’activité, par région et par taille d’entreprise et d’avoir des data insights et des indicateurs clés pour permettre aux banques et institutions financières d’optimiser le financement des entreprises en phase de crise et post crise.

« Aidez les entreprises tout en préservant votre santé »

Marouane El Abassi, gouverneur de la BCT, dans son allocution d’ouverture, a appelé les banques à soutenir les entreprises et financer les investissements tout en se préservant elles-mêmes. Il a rappelé les décisions prises par la BCT pour venir en aide au secteur réel afin de minimiser l’impact des effets de la crise sur les différents acteurs économiques. « Parmi les premières mesures prises, on cite celles stipulées par la circulaire n°2020-06 du 19 mars 2020 et qui consiste à reporter le paiement des échéances des crédits accordés aux entreprises et aux professionnels exigibles, en principal et intérêts, durant la période allant du 1er mars 2020 jusqu’à fin septembre 2020.  Ce report concerne les clients classés 0 et 1 à fin décembre 2019 et peut s’étendre à ceux classés 2 et 3 afin de faire profiter le maximum d’entreprises. Ladite circulaire prévoit aussi un assouplissement exceptionnel et provisoire des normes prudentielles relatives au calcul des provisions et du ratio crédit/dépôt».

Le gouverneur de la BCT a également rappelé le rôle de la pandémie -à quelque chose, malheur est bon- dans l’accélération du processus de transformation numérique des services bancaires et financiers : « La crise de la Covid-19 a été un vrai catalyseur pour développer la digitalisation des services financiers et notamment les services de paiement mobile. En effet, la Banque centrale de Tunisie a publié la circulaire n°2020-11 du 18 mai 2020 qui porte sur les conditions de fourniture des services de paiement mobile domestique dont l’objectif est de promouvoir un écosystème propice au développement de ce mode de paiement digital. Il s’agit, en fait, de réduire le recours à l’argent liquide et de garantir une meilleure inclusion financière. La mise en place de ce cadre réglementaire a permis aux banques de fournir des services bancaires de proximité et de développer des solutions financières numériques».

Les résultats de l’enquête réalisée par Tunisia Jobs en partenariat avec l’APTBEF pourront, selon ses initiateurs, être utilisés pour apporter des réponses plus efficaces aux besoins de financement des entreprises tunisiennes en optimisant l’allocation des ressources et du capital des banques et institutions financières et identifier les secteurs d’activité, les régions ou un mix des deux qui ont été les plus touchés par la crise.

Nous y reviendrons dans le détail.

A.B.A