Le secteur du tourisme en Tunisie aurait vécu une catastrophe si le coronavirus s’était déclenché au cours de la haute saison. C’est ce que déclare le directeur général de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), Nabil Bziouech, dans une interview chez nos confrères de la TAP. Il estime que l’apparition dudit virus au cours de la baisse saison diminue ses retombées, comme le prouve le flux touristique qui a réalisé du 1er janvier au 20 février 2020 une augmentation de 7% en comparaison avec la même période de l’année 2019.

Dans l’entretien  qui suit, le directeur général de l’ONTT explique comment le secteur fait face à la propagation du coronavirus et les moyens de la gérer.

Quelle est situation actuelle du tourisme en Tunisie ?

Nabil Bziouech : A l’heure où le coronavirus est en prolifération, la Tunisie assure une veille à travers le suivi de la situation et de son évolution, tout en veillant à éviter le maximum de pertes, à prendre toutes les précautions et à diffuser une bonne image du pays reflétant sa bonne préparation et son interaction avec tous les rebondissements.

Par ailleurs, les réservations annulées dans toutes les zones touristiques ne sont pas importantes, se situant aux alentours de 2 000 – 2500, en attendant des statistiques confirmées. Elles concernent notamment la région de Tozeur (sud-ouest de la Tunisie), sachant que les touristes chinois ne sont pas attirés par le tourisme balnéaire mais se rendent au Sahara tunisien après la haute saison (1er janvier au 30 avril de chaque année).

D’autres nationalités ont remplacé le manque venant de la Chine et de certains pays asiatiques mais aussi de l’Italie.

Je ne prévois pas une forte baisse du flux touristique chinois (environ 30 mille touristes ont visité la Tunisie au cours de la dernière saison). Les statistiques de l’Office indiquent que cette baisse a été de 3,21% au cours de la période s’étalant du 1er janvier au 20 février 2020, leur nombre ayant atteint 3 637 touristes contre 4 623 touristes au cours de la même période de 2019.

Le rythme des réservations a quelque peu régressé en mars 2020 par rapport à la période écoulée, mais il ne s’agit pas de la haute saison au cours de laquelle la Tunisie accueille en moyenne un million de touristes, soit environ 10% des arrivées touristiques annuelles.

La Tunisie n’a pas enregistré, jusqu’à ce jour, des cas de contamination par le coronavirus, a affirmé le conseil ministériel réuni le 26 février 2020, mais la conjoncture internationale est difficile et se complique davantage pour passer d’une situation endémique à une crise économique, car les indicateurs de plusieurs Bourses en Europe, en Chine et en Amérique sont en chute, bien que les organisations mondiales de la santé et du tourisme qui travaillent étroitement ensemble depuis l’apparition du virus n’aient pas pris de mesures d’interdiction et de limitation des voyages.

En revanche, plusieurs tours opérateurs ou compagnies d’aviation ont annulé leurs vols, surtout ceux en provenance de la Chine dans un premier temps et de certains pays asiatiques et actuellement de certaines villes italiennes (à l’instar du nord de l’Italie et de Milan essentiellement).

L’impact sur le flux touristique se ressent actuellement dans tout le monde, et l’organisation de plusieurs manifestations a été impactée comme en dénote l’annulation de la foire du tourisme de Berlin (4-8 mars 2020), mais je pense que cet état des choses pendra fin à la fin du mois de mars 2020.

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Si la situation évolue et que certains pays commencent à prendre des mesures d’interdiction des voyages, notamment si elles sont décidées par l’Organisation mondiale du tourisme, à ce moment là, nous agirons, mais pour le moment nous sommes en état de veille.

Comment l’office gère-t-il la situation en Tunisie ?

La crise est flagrante. Elle a suscité une certaine psychose au sein de la société. Mais nous ne devons pas paniquer. La Tunisie suit de près la situation, et l’ONTT œuvre étroitement avec le ministère de la santé dès le début, assiste à toutes les réunions et suit toutes les procédures et les recommandations.

Une cellule au sein de la direction générale de la commercialisation supervise quotidiennement avec les représentations de l’ONTT à l’étranger la situation dans les pays concurrents et au niveau de toutes les destinations touristiques, pour que nous soyons prêts à faire face à toute nouveauté et puissions prendre les mesures nécessaires.

Sur le plan régional des cellules de suivi ont été créées au niveau des commissariats régionaux au tourisme auxquelles a été confiée la coordination avec les gouverneurs, les directions régionales de la santé et les responsables des aéroports dans leurs régions pour collecter toutes les informations et les communiquer aux propriétaires des hôtels et aux agences de voyages, qui pour leur part leur présentent les dernières données sur les annulations éventuelles.

La situation difficile en Tunisie de laquelle on peut parler, ce sont les pertes financières supportées par les agences de voyages, après l’annonce de l’Arabie Saoudite relative à la suspension provisoire de l’entrée sur son territoire pour effectuer le petit pèlerinage (La Omra), laquelle annonce s’inscrit dans le cadre des mesures destinées à éviter la propagation du “coronavirus”, d’où l’impact qui se fait sentir sur les agences de voyages qui ont des engagements financiers comme la location des avions et des hôtels…donc la crise concerne la Omra mais les autres pertes sont plus faciles à récupérer.

La Tunisie ambitionne d’atteindre 10 millions de touristes en 2020. Est-ce possible ?

La situation actuelle n’affecte pas notre action pour atteindre cet objectif car d’une part cette période n’est pas la haute saison d’autant plus qu’elle représente, comme je l’ai dit, une période où l’affluence touristique ne représente que 10% de l’ensemble de nos activités annuelles.

Je prévois l’aboutissement de la crise à la fin de mars 2020 et les touristes qui ont retardé leurs voyages se dirigeront vers leurs destinations. Nous sommes optimistes pour cette saison estivale qui connaîtra une baisse de l’expansion du coronavirus sous l’effet de la chaleur.