“En Tunisie, les opportunités économiques qui nous entourent sont nombreuses, mais nous ne les saisissons pas, ou pas suffisamment, ou trop tard…”, a regretté, mardi 11 février, le président de l’UTICA, Samir Majoul.

Intervenant à une conférence organisée au siège de la centrale patronale par l’ESCP Business School (Ecole supérieure de commerce de Paris), sur le thème “Dirigeants, face à l’incertitude, osez l’optimisme”, Majoul a évoqué les opportunités qui se présentent au pays. “70% de nos exportations sont destinées à l’’Europe. Mais les exportations nationales ne représentent que 0,5% des importations européennes. Alors imaginez que la Tunisie se donne les moyens de représenter 1% des importations européennes. En fait, doubler nos exportations vers l’UE, c’est 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires de plus, ce qui équivaut à peu près au budget de l’Etat et à la création d’environ 500 000 emplois”.

Ensuite, le patron des patrons évoquera “le boom démographique en Afrique et tous les besoins du continent en matière d’éducation, d’enseignement supérieur et technique, de santé, d’infrastructures, de consommation et d’investissement. Il y a également la reconstruction de la Libye, mais aussi le potentiel inexploité du Maghreb économique”.

Majoul citera en outre “la révolution digitale, la transition énergétique et toutes les opportunités qui résultent d’une meilleure connexion entre les secteurs, l’innovation et la recherche scientifique”. Pour saisir les opportunités de l’économie mondiale, il faut être connecté à ses flux financiers.

Pour pouvoir saisir toutes ces opportunités, Majoul estime nécessaire de revoir le Code des changes. “Nous avons besoin d’une monnaie qui nous connecte au reste du monde et non d’une monnaie qui nous isole. Nous pensons que le “non convertible” à fait son temps. Il faut passer au “dinar convertible”, à un taux fixe, probablement”.

Et de poursuivre: “Nous devons également avoir un secteur logistique et portuaire digne de l’héritière de la Carthage punique. Nous devons nous donner l’objectif de réaliser un port, je n’ai pas dit une étude, mais un port digne de Carthage”.

Et ce n’est pas tout. “Le troisième levier pour pouvoir saisir les opportunités, c’est l’égalité des chances. D’abord par la mise en concurrence. Il faut en finir avec les monopoles, et aujourd’hui les monopoles c’est l’Etat. Pour activer cette égalité de chances, il faut libérer le capital humain, le mettre en situation de pouvoir choisir et décider, le libérer des contraintes bureaucratiques et réglementaires”.

Pour sa part, Sami Zaoui, associé Ernst & Young, l’un des anciens de l’Ecole supérieure de commerce de Paris, considère que “nos chefs d’entreprise ont longtemps agi dans un contexte de stabilité. Aujourd’hui, il va falloir qu’ils acceptent que l’instabilité et l’incertitude fassent partie de l’équation. C’est un nouvel état d’esprit qu’ils doivent avoir”.

En outre, “il faut que l’entreprise sache qu’elle n’obtiendra pas toujours toutes les conditions favorables pour agir au mieux et qu’elle ait la capacité d’adaptation nécessaire pour agir dans un environnement parfois dégradé”.

Toujours selon lui “certains préalables sont toutefois nécessaires pour que l’investissement puisse retrouver l’optimisme nécessaire à son action. Il s’agit de la stabilité politique, l’efficacité de l’administration, la révision de certaines réglementation (change, autorisations d’exercer …) et un dialogue plus constructif entre le politique et l’économique…”.