Les premières assises de l’eau se sont tenues vendredi, à Tunis, à l’Institut national agronomique de Tunisie (INAT) en présence des représentants des associations actives dans ce domaine et de l’administration. Leur finalité est de mieux organiser la contribution de la société civile aux politiques de gestion et de gouvernance de l’eau.

Il s’agit de discuter la mise en place d’une convention avec les différents acteurs publics (Ministères, entreprises…), selon la dynamique de l’eau, association initiatrice de ces assises en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche et le bureau de l’Organisation de FAO en Tunisie.

Selon, le chef de cabinet du ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche Boubaker Karray, les associations présentes devraient créer un forum regroupant tous les opérateurs dans ce domaine pour avoir une vision plus claire et permettre à l’administration d’avoir un interlocuteur permanent.

“L’approche de gestion de l’eau par l’offre en vigueur en Tunisie, nécessite l’implication de la société civile dans le changement du comportement du consommateur et la gouvernance de l’eau”, estime Karray.

A cet égard, bien que la gouvernance de l’eau ait besoin davantage de l’implication des utilisateurs, la société civile tunisienne demeure peu développée dans ce domaine et n’a pas permis une grande mobilisation autour de questions telles que l’amélioration de l’accès à l’eau et la rationalisation de sa consommation.

Pour la directrice du laboratoire sciences et technologies de l’eau à l’INAT, Jamila Tarhouni, les associations de la société civile sont bien placées pour garantir un rapprochement entre l’administration et les commissariats régionaux au développement agricole d’une part et les consommateurs de l’eau.

“Des rencontres organisées dans plusieurs régions du pays ont montré que l’approvisionnement de l’eau demeure la principale revendication de l’agriculteur tunisien et non pas les crédits”, a-t-elle dit.

D’après elle, la sécheresse enregistrée en Tunisie en 2016, a incité 35% des habitants de Nabhana, région de Kairouan à quitter leurs habitations, vers d’autres régions en raison de manque d’eau, selon une enquête effectuée dans ce domaine.

Idem pour plusieurs familles habitant Chebikha qui ont du fermer leurs maisons et changer de lieu d’habitation en raison de manque d’eau, a-t-elle dit, soulignant que le lien entre la rareté de l’eau et l’exode rural, est un sujet qui mérite d’être étudié en Tunisie.

La région de Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, à laquelle appartient la Tunisie, est une des régions les plus arides dans le monde depuis la nuit des temps, et possède, par conséquent, un important savoir-faire en matière de gestion des ressources hydrauliques qui doit être préservées, a affirmé de son côté, le Coordinateur de la FAO pour l’Afrique du nord et son représentant en Tunisie, Philippe Ankers.

La population dans cette région va doubler et passer à environ 700 millions habitants d’ici 2050, alors que la fréquence de la sécheresse dans le monde en général devrait augmenter de 20 à 60 % dans 20 ans, a-t-il dit, notant que l’agriculture est responsable de 70% des prélèvements d’eau dans le monde.

La concurrence sur l’eau entre l’agriculture d’une part et les autres secteurs d’autre part entraîne des tensions sociales outre les tensions économiques, prévient le responsable de la FAO.