90 %. Ce serait le code du glaive et de la balance, dans notre pays. C’est la proportion nationale des “justes” parmi les juges tunisiens, selon la rumeur publique. Rendons leur justice. En Tunisie, la justice est sous l’empire de sa seule éminence. Quelle majesté !

Une morale anglo-saxonne veut que “la mauvaise chasse la bonne“. En Tunisie, il en est autrement, “la juste démasque la perverse“. C’est par ces propos que nous pensons illustrer la décision de la justice de libérer Nabil Karoui. Ce fait est historique. En même temps que Nabil Karoui est libéré, la cause de la justice tunisienne est réhabilitée.

A un moment, l’opinion était en proie à un certain scepticisme à l’égard de ce corps majestueux, clé de voûte de l’Etat de droit dans notre pays. L’honneur de la justice est sauf. Et si ce n’est pas un exploit, c’est que ça lui ressemble. Des courants idéologiques peuvent parasiter l’ambiance dans la sphère de la justice, mais cette dernière, en bout de course, finit par rendre la loi avec intégrité et compétence. Exaltant !

Il y a eu péril sur l’Etat de droit      

On voyait le bateau prendre l’eau de toutes parts. Le processus électoral, que l’on regardait comme la juste récompense de notre longue lutte pour la démocratie, était sous tentative de manipulation. On a frôlé le pire. La volonté populaire aurait été détournée. N’est-ce pas là une tentative de parjure démocratique. Quel péril pour l’Etat de droit.

On a tenté de salir Nabil Karoui, candidat à la présidentielle par des actes déshonorants. Qui aurait voté pour quelqu’un qui se laisse aller aux délices coupables du blanchiment et de l’évasion fiscale ? Elire un saboteur de l’Etat à la tête de l’Etat ? Un délire démocratique. L’échec répété de toutes les tentatives de libération, mystérieusement rejetées, ne faisait qu’accabler le candidat.

Embastillé, sans lettre de cachet, disait Hélé Béji dans un entretien qu’elle nous avait accordé, c’est-à-dire par pur arbitraire, Nabil Karoui aura été privé du plus simple de ses droits, à savoir le droit de réponse; on aura tenté de museler un adversaire politique dans ce tourbillon démocratique, était un égarement démocratique. 

La peur a changé de camp

Plus qu’à aucun autre moment, l’exception tunisienne vient conforter sa singularité. En Tunisie, avec une promptitude spectaculaire, qui protège les droits du prévenu, la justice a dit son mot. Nabil Karoui n’a pas été seulement libéré. Il n’est pas comme celui qui aurait bénéficié de la clémence des jurés. Il est désormais libre, et cela rejaillirait sur ses accusateurs.

Agissaient-ils au nom du droit pour faire triompher la justice ou au nom de leurs intérêts ? Cherchaient–ils à neutraliser, au nom du droit, un adversaire conquérant, en se servant de tiers extérieurs ? La peur a changé de camp au soir de ce mercredi 9 octobre. L’opinion cherchera à savoir la vérité, et nous faisons le pari que Nabil Karoui s’exprimera sur le sujet.

Le retour 

Les faux lanceurs de fausses alertes lesquels ont cherché à égarer la justice devront répondre de leur initiative, et Nabil Karoui se chargera de cette mission. Il faut bien éclairer l’opinion. Quel motif de course à la présidentielle serait plus légitime que la mission d’aller jusqu’au bout de la construction de l’Etat de droit l’arrachant aux mains des extrémistes ?

Nous pensons que Nabil Karoui est l’héritier spirituel de BCE, car Qalb Tounes est, à bien des égards, une reprise de Nidaa et par conséquent il serait l’exécuteur testamentaire de son mentor. Le testament de Béji Caïd Essebsi tenait en quelques consignes claires: aller vers un régime présidentiel aménagé, modifier la loi électorale, graver dans le marbre la question de l’égalité et des libertés. Le défunt président a évoqué ces sujets, avec beaucoup de malice, laissant sous-entendre que ce serait là la mission de son successeur.

En soi, c’est un magistral programme électoral. Et nous pensons que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Et le testament de BCE ne serait pas une bouteille jetée à la mer.

Que ferait Nabil Karoui du consensus ? On ne sait trop. Il va de soi que tous les cadavres dans les placards pourraient être exhumés. Show must go on, et les sensations fortes ne manqueront pas.

Nos lecteurs pourraient penser que nous parlons de Nabil Karoui comme s’il était déjà président. Nos lecteurs nous connaissent bien, et sont témoins de notre sens de la responsabilité. Un précieux contrat de confiance nous lie, ensemble. Nous parions, tout simplement, sur le génie des électeurs tunisiens. Voilà tout.

90 % des justes ont permis à Nabil Karoui de marquer à la 90′. Qu’est-ce que vous dites de ça ? Joue-t-il pour autant le chrono étant donné qu’il lui reste peu de temps pour assurer sa campagne ? Il n’a pas à se soucier du peu de temps qui lui reste, parce que son slogan est tout fait : Servir l’Etat de droit. C’est pain béni. Comprenez Halal !