Le Parti de l’Union Populaire Républicaine (UPR) qui se veut un parti patriote-social est en lice pour les élections législatives prévues le 6 octobre prochain, dans 22 circonscriptions (21 en Tunisie et 1 en France).

Il parie dans son programme économique sur le renforcement de la compétitivité des entreprises tunisiennes et la promotion de l’investissement notamment dans les régions intérieures.

L’UPR a été créée en 2011 par le médecin et écrivain, Lotfi Mraihi qui s’est présenté aux élections présidentielles du 15 septembre 2019. Il est arrivé 7e avec 6,56% des voix, selon les résultats de l’Instance Supérieure Indépendante des élections (ISIE).

En 2011, l’URP a pris part aux élections de l’Assemblée nationale constituante (ANC) avec 14 listes, récoltant près de 10 000 voix. Toutefois, il a refusé de participer aux élections législatives de 2014, estimant que les résultats étaient déjà connus d’avance en raison de la bipolarisation du paysage politique.

Dans cette interview, la porte-parole de l’UPR, Mariem Ferchichi, répond aux questions de l’agence TAP et présente la vision de son parti concernant certaines questions économiques et sociales.

Quel modèle économique préconise votre parti notamment pour réduire les disparités régionales?

Mariem Ferchichi : Depuis plus de 7 ans, l’UPR ne cesse de réclamer la mise en place d’une politique économique protectionniste basée sur l’instauration d’une taxe sur la valeur ajoutée sociale. L’objectif est de promouvoir le marché local et de le rendre compétitif, ce qui incitera les investisseurs à investir directement auprès du consommateur final, c’est à dire, dans les régions intérieures, ce qui permettra ainsi de réduire les disparités régionales et de lutter contre la marginalité.

Quel programme proposez-vous pour lutter contre la pauvreté et par quels financements ?

La lutte contre la pauvreté est tributaire de la création de postes d’emploi pour les chômeurs, les ouvriers du secteur agricole et les petits exploitants. Il est, par conséquent, impératif de développer le secteur de l’agriculture et de protéger les agriculteurs des spéculateurs qui contrôlent les circuits de distribution. Cela va contribuer à améliorer la marge bénéficiaire de l’agriculture, ce qui aura un impact positif sur la situation économique et les salaires des ouvriers agricoles.

D’autre part, la politique solidaire de l’Etat doit être plus efficace.

Quelles propositions avez-vous pour résoudre le problème de l’endettement de l’Etat tunisien et lutter contre l’économie parallèle ?

Le service de la dette est devenu un lourd fardeau pour le budget de l’Etat vu l’augmentation de l’endettement de l’Etat. De plus, nous n’avons pas constaté d’impact positif sur l’économie nationale dans la mesure où tout l’argent emprunté est destiné à couvrir les importations ( produits de consommation). Par conséquent, il faut réduire les importations afin de diminuer le taux d’endettement et appliquer une politique protectionniste en vue de baisser le déficit commercial et améliorer l’appréciation du dinar.

Que proposez-vous pour la lutte contre l’inflation et l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen ?

R:L’inflation enregistrée actuellement dans le pays, revient essentiellement à la détérioration de la valeur du dinar par rapport aux monnaies étrangères, ce qui, du coup, augmente le coût de la production, vu la hausse des prix des matières premières importées dont la Tunisie a besoin pour l’aboutissement à un produit final.

Pis encore, la dépréciation du dinar résulte d’un déséquilibre de la balance commerciale. Toutefois, la limitation de l’importation des produits de consommation engendrera une hausse de la valeur du dinar et une régression significative de l’inflation ainsi qu’une amélioration du pouvoir d’achat du citoyen, sachant que les politiques monétaires, adoptées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) pour augmenter les taux d’intérêts ont déraillé, contribuant ainsi à l’approfondissement de la crise.

Quelles sont vos propositions pour résoudre les problèmes de l’approvisionnement en eau potable et relever les enjeux de l’environnement dans le pays ?

La crise de l’eau potable est étroitement liée en général à la crise aiguë que connaît le secteur de l’eau, pour la plupart des cas, provient des changements climatiques outre le désengagement de l’Etat actuel au niveau de la sauvegarde du système de l’économie de l’eau, sachant que cela était une priorité pour l’Etat à l’indépendance.

La plupart des barrages ont vieilli et les résidus ne cessent de s’entasser, ce qui a affaiblit leur capacité de mobilisation de l’eau. D’où la nécessité d’édifier d’autres barrages sur les mêmes cours d’eau, pour éviter le gaspillage de l’eau pluviale.

Il importe également d’accorder un intérêt accru à la question de la rationalisation de la consommation de l’eau.

Pour ce qui concerne l’environnement, notre parti voit qu’il est indispensable de reformuler une vision globale sur ce sujet, surtout que le pays compte beaucoup de décharges de déchets.

L’UPR propose, dans ce sens, la révision des rapports entre le département ministériel et les agences concernées par la question environnementale, lesquelles se doivent de bénéficier d’une indépendance pour éviter les conflits d’intérêts au niveau de l’exécution de la loi et s’acquitter efficacement de leur mission de contrôle en matière de lutte contre la pollution.

A titre d’exemple, l’Office National de l’Assainissement (ONAS) est un grand pollueur et ne se voit pas infligé des sanctions ou des contrôles.

Il importe également de revoir les comportements dans la vie quotidienne dans le domaine du transport, à travers la réduction de l’importation des véhicules particuliers, soumise à des lobbies de dumping du marché, et d’orienter les investissements vers le transport public en commun, surtout ferroviaire, vue son impact positif sur l’environnement et sa contribution à l’amélioration de la qualité de vie des citoyens (allègement de la pression et de la pollution).

Par ailleurs, l”UPR propose de lancer un dialogue sociétal pour valoriser la culture et le patrimoine national, surtout à l’égard du changement du mode de consommation ” importé ” que le citoyen tunisien a adopté.

Cette situation demande la valorisation du patrimoine culinaire national et du coup de préserver notre identité et notre culture.

D’après le parti, il est opportun d’accorder un intérêt accru à l’embellissement environnemental, à travers l’aménagement urbain qui a connu ces dernières années une dérive qui a mené à l’adoption de choix ne répondant pas aux exigences du climat et du patrimoine architectural, mais aussi à l’embellissement des villes. Ce qui demande, selon l’UPR, d’unifier le style architectural pour chaque région, d’où la mise en valeur d’un nombre de métiers et la création d’emplois au profit des jeunes.