Le courant démocrate qui se présente aux élections législatives, prévues le 6 octobre prochain dans les 33 circonscriptions, parie dans son programme économique sur la résolution de plusieurs questions, telles que l’endettement, la pauvreté et les disparités régionales.

L’agence TAP a adressé un ensemble de questions à son fondateur et secrétaire général Mohamed Abou candidat de son parti à l’élection présidentielle de 2019 et arrivé 10e avec 3,63% des voix, selon les résultats de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE).

Créé le 30 mai 2013, le courant démocrate est un parti de tendance social-démocrate.

Question: Quel modèle économique préconise votre parti notamment pour réduire les disparités régionales ?

Mohamed Abou : Le modèle économique que nous proposons tend à améliorer l’indicateur de développement régional dans les différentes régions, notamment intérieures, à hauteur de 50% à l’horizon 2025.

Le courant démocrate prévoit d’instaurer un modèle économique en mesure de créer une dynamique économique, de générer de l’emploi et de mettre en place des pôles de développement intégrés dans les régions répondant aux normes liées à l’environnement et au développement durable. L’objectif est de consacrer l’équilibre régional.

En outre, nous œuvrerons à doter les différentes régions des ressources nécessaires afin de contribuer à leur auto-développement et à parachever le cadre réglementaire et politique en vue d’instaurer la gouvernance locale.

Il est également question d’améliorer le climat des affaires local et de mettre en place un système de statistiques régional.

Pour réduire les disparités régionales, il est primordial d’élaborer un guide d’investissement régional, d’appuyer les interventions des hommes d’affaires souhaitant investir dans les régions et de soutenir l’action associative.

En ce qui concerne la réalisation de grands projets, le courant démocrate entend promouvoir le partenariat public/privé, mobiliser des financements, accélérer l’amendement des dispositions réglementaires et des procédures sectorielles entravant le développement du climat des affaires et créer trois pôles industriels dans les régions de l’ouest.

S’agissant de l’infrastructure, nous jugeons indispensable aussi, au sein de notre parti, de créer une autoroute reliant Tunis à Gafsa, de parachever les travaux de l’autoroute trans-maghrébine, de développer le réseau routier et d’étendre la couverture du réseau Internet à toutes les régions.

Quel programme proposez-vous pour lutter contre la pauvreté et par quels financements ?

Notre parti est résolu à apporter une réponse immédiate à la question de la pauvreté. Nous proposons ainsi de procurer aux catégories démunies (personnes âgées et celles à besoins spécifiques, enfance sans soutien) des revenus fixes, de mettre en place une base de données les concernant et de créer un conseil supérieur d’intégration et de développement social dont la mission sera de suivre les politiques sociales.

Il s’agit, aussi, de permettre l’accès des catégories défavorisées aux prestations publiques et de garantir la gratuité du transport terrestre aux enfants des familles nécessiteuses et à revenu limité.

Pour lutter contre la pauvreté, le courant démocrate plaide en faveur de l’instauration de taxes exceptionnelles sur les richesses, les profits bancaires et les grands espaces commerciaux, et ce, dans le cadre d’un programme de solidarité citoyenne. Ces recettes fiscales seront directement versées aux familles démunies.

La contribution du secteur privé au financement de la couverture sanitaire au profit de ces catégories défavorisées est primordiale.

Quelles propositions avez-vous pour résoudre la question de l’endettement de l’Etat tunisien et lutter contre l’économie parallèle?

Nous devons impérativement garantir la reprise des moteurs de croissance qui sont en panne depuis 2011 à l’exception de la consommation et ce, en renforçant les exportations et les exportations. Il y a lieu également de retrouver un rythme normal de la production et d’assurer sa pérennité, s’agissant surtout de celle du phosphate. Pour cela, il est impérieux, de faire un audit des dettes, de convertir une tranche de ces dettes en investissements et de réduire le déficit de la balance commerciale.

Il est question aussi de lutter contre l’évasion fiscale, de changer les billets de banque afin de recouvrir l’argent liquide qui échappe aux circuits organisés et de réviser le schéma de développement en axant les efforts sur les secteurs innovants.

L’objectif du parti est de réduire le nombre de Tunisiens travaillant dans le secteur informel, lequel (nombre) devrait passer de 40 à 15% dans 5 ans, en adoptant un nombre de dispositions visant à réduire les avantages réalisés par ce secteur par rapport au formel.

Pour le courant démocrate, cet objectif sera réalisé à travers l’allègement de la pression fiscale sur les entreprises (actuellement entre 35 et 25%) à 20% afin d’encourager les personnes actives dans l’informel à adhérer à l’économie organisée.
Le parti prévoit de créer des zones franches dans les régions frontalières et d’examiner l’opportunité de coordonner avec les pays du voisinage au niveau des prix des produits subventionnés. Il s’agit, en outre, d’appliquer strictement la loi sur les contrebandiers et les personnes pratiquant le monopole.

Que proposez-vous pour réduire l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat du citoyen ?

Le parti estime que la baisse du taux d’inflation reste tributaire de la lutte contre l’importation anarchique et les “passations de marchés douteux ” qui profitent à certaines familles et de contrôler les circuits de distribution, les stocks et les marchés.
Le parti œuvrera à généraliser les marchés du producteur au consommateur et maîtriser la facture de l’énergie par la migration progressive vers les énergies renouvelables.

Il s’agit, également, de renforcer le nombre de permis de prospection, d’exploiter les potentialités en matière de gaz de schiste et de renouveler les accords énergétiques, de manière à garantir les droits de l’Etat tunisien.

Le parti recommande d’éliminer la subvention des produits, de renforcer la valeur du dinar afin d’améliorer le pouvoir d’achat ,à travers la consolidation des exportations à haute valeur ajoutée, outre l’accès à de nouveaux marchés et la maîtrise du coût de la logistique qui dépasse 20%.

Quelles sont vos propositions pour résoudre le problème de l’approvisionnement en eau potable et relever les défis environnementaux croissants ?

Notre parti propose de renouveler et de sauvegarder le réseau de distribution des eaux, d’élargir la capacité de stockage des réservoirs d’eaux dans les grandes villes, d’encourager les habitants à utiliser des citernes de collecte de l’eau de pluie (Majel) et d’exploiter au mieux les eaux d’irrigation en utilisant les techniques les plus modernes.

Le parti planifie également de mettre en place un programme visant à s’orienter progressivement vers les ressources hydriques alternatives et à soutenir les agriculteurs en leur octroyant des subventions pour la protection des réservoirs afin de garantir la pérennité des ouvrages hydrauliques.

Il s’agit également d’adopter un barème de tarifs progressifs à plusieurs tranches pour l’ eau d’irrigation comme c’est le cas pour l’eau potable.

Dans le domaine environnemental, le parti suggère une transition vers le modèle des villes intelligentes et le lancement d’un programme zéro-déchets, outre la criminalisation des polluants par des amendes répressives et l’encouragement à l’investissement dans les produits alternatifs.

Nous ambitionnons également de lancer un programme national pour les espaces verts et les parcours de santé, le traitement des eaux usées, la mise en place d’une structure indépendante pour le contrôle de la qualité de l’eau traitée, le développement du système du transport public et la révision des schémas de la circulation dans les grandes villes.