220 000 touristes ont été envoyés par le TO Thomas Cook en Tunisie en 2018. Pour la saison 2019, 250 000 touristes dont les ¾ ont déjà profité de leurs vacances ici en Tunisie, soit 169 000 au 10 septembre. Ils viennent par ordre d’importance de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de France, de Hollande, d’Autriche et de Pologne.

50 hôtels, répartis sur tout le territoire national mais principalement à Djerba et Hammamet, traitent avec le TO britannique et souffriront fortement de la faillite du voyagiste annoncée officiellement dans la nuit de dimanche 22 septembre à lundi.

«Le drame que vit aujourd’hui notre secteur est la conséquence de l’incapacité de l’Etat à prendre des décisions courageuses dont l’Open Sky qui aurait mis fin à notre dépendance aux TO qui nous obligent à accepter des délais de paiement de 80 jours. A ce jour, les pertes s’élèvent à 60 millions d’euros soit près de 200 MDT», a déclaré Mehdi Allani, le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie région Cap Bon. Ce à quoi ripostent les autorités tunisiennes : «Nous avons paraphé tous les articles concernant l’Open Sky avec l’Union européenne. Ce n’est pas la Tunisie qui bloque mais il paraît que l’Europe est en train de redéfinir la notion de territorialité depuis le Brexit et a émis des réserves sur le premier article de l’accord».

Encore une fois, la Tunisie est une victime collatérale d’enjeux internationaux dans lesquels elle n’est pas actrice et sur lesquels elle n’a aucun pouvoir de décision. D’ailleurs, il n’est pas sûr que nos hôteliers puissent récupérer leurs dus, et ce même s’ils portent plainte en Allemagne ou en Grande-Bretagne. En fait, pour ces pays les priorités sont : les rémunérations des employés, le remboursement des banques et le règlement des impôts. A la FTH, on s’active à identifier des issues qui ne semblent pas faciles à trouver.

Le ministère du Tourisme tunisien est aussi en contact, depuis dimanche, en partenariat avec ses vis-à-vis britanniques pour trouver les moyens de limiter les dégâts. Pour l’instant, les pouvoirs publics britanniques concentrent tous leurs efforts sur le rapatriement de leurs ressortissants de toutes les destinations touristiques où ils séjournent dont la Tunisie.

Le gouvernement tunisien avait, rappelons-le, signé un mémorandum d’entente avec le TO britannique pour renforcer le nombre des contingents des touristes pour l’année 2020, mémorandum qui ne comporte aucune garantie ou engagement financier de la part de l’Etat et qui est aujourd’hui caduc suite à la faillite du voyagiste.

Les dirigeants de Thomas Cook ont tout fait pour de sauver un TO emblématique dans le tourisme mondial et le plus ancien voyagiste au monde avec 178 ans d’existence, mais aucun investisseur n’a voulu prendre le risque d’y injecter de l’argent signant ainsi son arrêt de mort. Cette faillite sonne le glas d’un modèle économique agonisant car aujourd’hui les clients peuvent se connecter directement à des services de voyage tels qu’hôtels et vols en usant d’un système informatique permettant de connaître les disponibilités et les prix en temps réel sans passer par les TO.

Amel Belhadj Ali