Les dix commandements pour “garder” le marché touristique britannique

Par : Tallel

Comme prévu, l’Observatoire du tourisme tunisien a organisé, jeudi 24 octobre 2019, un séminaire portant sur “la destination Tunisie sur le marché britannique, après la faillite de Thomas Cook et à la veille du Brexit”.

Afif Kchouk, président de l’Observateur, a animé la rencontre qui a réuni beaucoup de professionnels du tourisme et même de banquiers ; on a notamment vu des représentants de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV), de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien (FITT), de Tunisair, de Nouvelair. Bien entendu, en présence du ministre du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, René Trabelsi, du directeur général de l’Office national du tourisme tunisien, Nabil BZIOUECH, et même de Wahiba Djaït, représentante de l’ONT à Londres venue spécialement pour participer à cette rencontre.

Nous estimons toutefois regrettable que la Fédération tunisienne de l’hôtellerie ait choisi de boycotter ce séminaire qui s’adresse à tous les professionnels du secteur touristique.

D’ailleurs, ce qui était frappant c’est de voir René Trabelsi parler du secteur, de l’administration du tourisme…, alors qu’à sa place certains auraient préféré dire : « pourquoi m’investir en tant que ministre, après tout dans quelques jours voire semaines je ne serai peut-être plus là…». Mais non, il parle comme s’il était pour plusieurs années. Voilà un esprit professionnel, mieux dirons-nous, de la conscience administrative. C’est assez rare pour être signalé.

Maintenant parlant du séminaire proprement dit, M. Trabelsi a rappelé que la faillite de Thomas Cook est à la fois une affaire mondiale et tunisienne, par son impact sur le tourisme tunisien. Mais pour autant, le ministre conseille de ne pas baisser les bras, car « dans le secteur du tourisme, une faillite constitue souvent une opportunité pour faire le nettoyage », dit-il en substance. Il rappellera également dans ce cadre que le TO a sombré parce qu’il a failli aux exigences de la gestion moderne du tourisme.

Et pour rassurer les professionnels tunisiens, René Trabelsi a révélé avoir reçu des informations crédibles faisant état de la volonté de 80% des touristes britanniques de revenir en Tunisie, bien sûr à travers d’autres TO.

Dans cette optique, il a promis de rencontrer des professionnels du secteur lors de sa visite, du 4 au 6 novembre prochain) au Salon WMT (World Travel Market) à Londres pour tenter d’arracher un accord afin de faire bénéficier aux hôteliers tunisiens certains avantages dans l’attente d’un règlement financier des pertes qu’ils ont subies.

Quant à Tom Matlock, chargé d’affaires de l’ambassade du Royaume-Uni en Tunisie, il a souligné que grâce aux bonnes relations établies entre Tunis et Londres, la crise a vite été dissipée.

A l’instar de René Trabelsi, M. Matlock affirme que « malgré cette faillite de Thomas Cook, on continue de constater une forte demande de touristes britanniques sur la Tunisie ». Selon lui, la Grande-Bretagne est prête à soutenir davantage la Tunisie dans le développement de son tourisme.

Mais la suite de son intervention n’est point guère agréable pour le tourisme tunisien. En effet, il regrette le manque de propreté sur nos plages, au niveau des montages et même des sites archéologiques… Et ce n’est pas tout : « il est très difficile de trouver des informations précises, utiles et pertinentes sur le tourisme tunisien », dira-t-il.

Alors, l’aide du gouvernement de Sa Majesté à la Tunisie concernera essentiellement l’environnement et la communication en vue de l’amélioration du produit touristique tunisien.

De son côté, Lotfi Dabbabi, DG de la STB (Société tunisienne de banques), invité d’honneur de ce séminaire (il paraît même que c’est la première fois qu’un dirigeant d’une banque assiste aux travaux de l’Observatoire tunisien du tourisme), a promis tout le soutien de sa banque au secteur touristique et à ses professionnels. Il appelle à améliorer le produit touristique tunisien.

Wahida Djaït considère que la faillite de Thomas Cook n’est pas une fin en soi, mais elle nous pousse à repenser les choses, surtout à ne pas baisser les prix dans l’avenir, « car nous avons un bon produit et des services acceptables », estime-t-elle. Et pour réussir dans ce cadre, Mme Djait indispensable que les professionnels tunisiens (hôteliers, compagnies aériennes, agences de voyage…) soient commercialement plus agressifs, plus réactifs…

Pour le représentant de la FTAV, il ne faudrait pas aujourd’hui oublier les moments de bonheur apportés par les TO aux hôteliers tunisiens. Cependant, il invite les professionnels à ne plus mettre leurs œufs dans le même panier.

Enfin, à travers les témoignages des représentants de Tunisair et Nouvelair, nous avons compris que, un mois après l’annonce officielle de la mort de Thomas Cook, nos deux compagnies aériennes n’ont pratiquement au “plan de vol“ ni aucune stratégie pour récupérer les sièges délaissés par le TO. Pour le justifier ce désintérêt, ils ont évoqué un « manque de moyens financiers » soit pour acheter des avions ou pour les louer.

Au final, il s’est dégagé de ce séminaire que les opérateurs du tourisme présents (une cinquantaine) un souhait de relancer la destination Tunisie sur le marché britannique.

Pour ce faire, ils formule dix (10) recommandations qui sont les suivantes:

  1. Considérer le BREXIT comme une opportunité pour la relance de la destination Tunisie et son développement sur le marché britannique et en tirer profit.
  2. Tirer profit de la parité de la livre sterling avec l’euro et le dollar, d’une part, et de la livre sterling avec le dinar tunisien, d’autre part, ce qui est un facteur déterminant du consommateur pour le choix de sa destination de vacances.
  3. Considérer l’épopée « Thomas Cook » comme une page tournée et la « positiver » par la relance de tous les TO qui opèrent (et opéraient) sur la Tunisie, vu qu’il n’y a plus de TO dominant. C
  4. Changer l’image de la Tunisie en tant que “ Cheap, All inclusive, beach holiday”, et créer la demande pour prolonger la saison (et limiter la saisonnalité) par la promotion de produits nouveaux, tels que les city break, les weekends culturels et gastronomiques, le golf, MICE, tourisme saharien…
  5. Ne plus se limiter aux familles à budget limité, mais attirer des catégories et de niches de clientèles supérieures -tels que le marché des seniors, les clubs, associations sportives et de loisirs et autres organismes (Lions, Rotary…) à haut pouvoir d’achat.
  6. Développer le nombre des transporteurs aériens et des lignes aériennes, notamment par la mise en place de l’Open sky et l’arrivée des compagnies low cost, ainsi que la desserte du plus grand nombre d’aéroports au Royaume-Uni et en Tunisie.
  7. Raffermir les relations avec les circuits de distribution et les réseaux de vente dont dépend essentiellement le mode de réservation du client britannique.
  8. Développer le marketing digital, notamment avec les plateformes de réservation ; améliorer le référencement de nos sites ; consolider la présence de la Tunisie touristique sur les réseaux sociaux : Facebook, instagram, influenceurs…
  9. Mettre en place une stratégie de communication efficace pour rassurer le public sur la sécurité de la destination et susciter la demande grâce à la combinaison réussie entre les trois éléments essentiels : sécurité-prix-qualité.
  10. Développer l’enseignement de la langue anglaise et vulgariser la culture anglo-saxonne en Tunisie.

Dans son speech de clôture du séminaire, Nabil Bziouech, DG de l’ONTT, n’a pas manqué de salué cette initiative de l’Observatoire du tourisme «… qui illustre la parfaite cohésion entre l’administration et les professionnels, ainsi que le bon fonctionnement du partenariat public-privé ».  A ce propos, il a annoncé l’établissement, prochainement, d’une convention entre l’ONTT et l’Observatoire pour mieux coordonner leurs actions.

Par ailleurs, M. Bziouech annonce que le tour opérateur TUI  Travel a décidé d’ajouter 2 vols supplémentaires l’été prochain, l’un de Manchester et l’autre de Birmingham.

TB