La course pour l’élection d’un nouveau président en Tunisie est déjà passionnante par le nombre de candidats, mais elle pourra l’être encore plus si les prétendants nous exposent leur programme.

Pour le moment, le seul candidat à le faire est Abdelkrim Zbidi, avec un programme en 5 points, mais qui se limite uniquement aux prérogatives du président de la République et qui, dans la question qui nous intéresse dans le cadre de cet article, à savoir la politique étrangère se résume, elle aussi, a un seul point : le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie et la réouverture de l’ambassade de Tunisie à Damas.

Autant dire aucun autre point à l’ordre du jour, ni pour l’Afrique ni pour le Maghreb.

Et M. Zbidi ne fait pas exception. En effet, en lisant les déclarations des autres candidats, on note l’absence de leur position sur l’Afrique et en matière de politique étrangère –à part Kaïs Saïed, lequel a promis, s’il est élu, de renvoyer l’ambassadeur de France en Tunisie. Excellente promesse électorale, quand on sait que 80% de nos échanges commerciaux se font avec l’Europe et principalement avec la France, et que notre balance commerciale est excédentaire avec ce pays au profit de la Tunisie.

On nous parle de problème d’eau, d’économie sociale, de société sachant cependant que le président de la République n’a AUCUN pouvoir sur ces questions et ne dispose d’aucune prérogative sur les entreprises publiques, y compris la SONEDE ; ces questions sont l’apanage du gouvernement qui mise en place ultérieurement (en octobre), c’est-à-dire après les législatives…

Or en matière de politique étrangère, l’une des prérogatives du chef de l’Etat, on reste sur notre faim.

Prenons l’exemple de l’Afrique. Le constat est simple : le président provisoire Moncef Marzouki avait visité à l’époque 3 pays d’Afrique subsaharienne, en l’occurrence le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, et avait aidé, nous dit-on, plusieurs entreprises tunisiennes à conclure des contrats ou à débloquer des marchés. Il avait également supprimé les visas pour le Bénin et le Gabon.

Sous le défunt Béji Caïd Essebsi, aucune visite présidentielle officielle en Afrique au sud du Sahara (sauf en Côte d’Ivoire mais pas en visité d’Etat), peut-être du fait de sa culture. Il a réservé ses voyages pour l’Europe, les Etats-Unis d’Amérique et les pays arabes, avec peu de résultats malgré les promesses du G7 jamais concrétisées.

Il a reçu le président de Djibouti (mais le visa n’a pas été supprimé), seuls le visa pour la Guinée Equatoriale a été supprimé de part et d’autre.

La Tunisie a été absente dans toutes les manifestations africaines, que ce soit les Réunions de la BAD, de l’Union africaine et d’investiture de chefs d’Etat du continent (dont celui du Sénégal ou de la Mauritanie). Ce qui explique de manière claire l’absence totale et regrettable des présidents, Premiers ministres ou autres ministres des Affaires étrangères africains lors de ses funérailles de BCE.

En ce qui concerne le Maghreb, à part la visite de Moncef Marzouki en Mauritanie et l’octroi du droit de séjour, de travail et de propriété aux Maghrébins au même titre que les Tunisiens en Tunisie, rien n’a été fait.

On note même l’absence du chef de la diplomatie tunisienne lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président mauritanien, Ould Ghazouani, alors que la Mauritanie est un partenaire économique au premier plan pour la Tunisie.

Donc, depuis 2011, seul Moncef Marzouki a eu, quoique limitée, “une politique africaine“ avec toutes les réserves ou critiques qu’on pourra lui faire.

En tout cas, nous espérons que l’Afrique sera au centre des débats de cette élection présidentielle. Ceci dit, on n’est pas naïf, et on sait pertinemment que ça ne sera pas le cas, pour la simple raison qu’aucun autre pays ne l’a encore fait pour que la Tunisie puisse l’imiter.

D’ailleurs, rappelez-vous, les Tunisiens ignoraient jusqu’à une date récente que l’Afrique subsaharienne regorge de potentialités, il a fallu que l’Occident, la Chine, l’Inde et la Turquie s’y intéressent pour qu’on se réveille ici en Tunisie.

TB