Les sociétés civiles tunisiennes (elles sont disparates) doivent apprendre à se faire respecter par la classe politique, en faisant des propositions logiques et réalisables. Et pour cause!

A l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la femme, mardi 13 août 2019, des représentants de la société civile ont appelé le président de la République par intérim, Mohamed Ennaceur à activer les dispositions de la Constitution, à travers notamment l’instauration des instances constitutionnelles, outre la consécration du principe de l’égalité des sexes et du projet de loi sur l’égalité en matière d’héritage.

Ils lui ont adressé une lettre dans laquelle ils estiment nécessaire de respecter la Constitution du 27 janvier 2014, à travers la mise en application des droits et des libertés publics, individuels, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, ainsi qu’à la poursuite de la mise en application du projet de loi de l’égalité dans l’héritage -initiative engagée par le défunt Béji Caid Essebsi (décédé le 25 juillet 2019).

Par ailleurs, ils ont également loué la décision de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) d’organiser l’élection présidentielle anticipée en vue de se conformer à la Constitution.

Est-ce qu’un président intérimaire a les prérogatives de promulguer une loi, fût-elle ordinaire? Est-ce au président de la République, même élu par les suffrages universels,  qu’incombe d’installer ou d’instaurer les instances constitutionnelles? Dans cet ordre d’idées, sachant que BCE, pourtant élu démocratiquement, n’a pas pu durant presque cinq ans mettre en place ces instances constitutionnelles, il est farfelu voire incongru de demander à celui que le remplace à la tête du pays -par intérim pour 90 jours au maximum- d’achever cette oeuvre qui relève exclusivement du Parlement?

Et voilà qui nous conduit vers un danger imminent: les critères de choix du futur président de la République. Tout le monde a lu la Constitution, tout le sait les prérogatives (très théoriques du reste) du chef de l’Etat, pourtant tout le monde se bouscule aux portes du Palais de Carthage. Un président qui n’a pas la majorité absolue -et encore- au Parlement ne peut rien faire pour la Tunisie. Et notre Constitution de 2014 -encore elle) est telle qu’il sera difficile voire impossible à un parti politique de disposer d’une “majorité confortable”. D’où des alliances parfois contre-nature, avec les conséquences qui peuvent en résulter: bataille des nominations et donc frustrations.

Soyons sérieux messieurs les représentants de la société civile!

TB