Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens appelle le gouvernement à signer un accord équitable et à même de procurer une protection au secteur de la santé publique, dans le cadre des négociations entre la Tunisie et l’Union européenne sur l’Accord de libre-échange, complet et approfondi (ALECA).

Dans un communiqué rendu public peu avant le démarrage, lundi 29 avril, des négociations entre la Tunisie et l’UE sur cet accord, le Conseil a souligné la nécessité d’appliquer la flexibilité garantie par l’accord, aux droits de la propriété intellectuelle qui touchent le commerce (ADPIC).

Le vice-président du Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie, Naoufel Amira, a fait part des préoccupations des pharmaciens face au risque de “saper l’industrie pharmaceutique en Tunisie”, a-t-il indiqué, notant que l’éventuelle signature de l’accord, entraînera une libéralisation totale du secteur pharmaceutique dans le pays.

Il a ajouté que la libéralisation du secteur favoriser la délocalisation d’institutions pharmaceutiques européennes vers la Tunisie, ce qui pourrait constituer une concurrence déloyale avec le secteur pharmaceutique local, dans la mesure où les pharmacies européennes ne seraient pas tenues de respecter des engagements liés au système de répartition géographique et démographiques appliqué sur les pharmacies en Tunisie.

En outre, cette libéralisation éventuelle du secteur pharmaceutique conduirait à la libéralisation des ventes des médicaments, “ce qui va à l’encontre de la politique de la Tunisie qui impose des restrictions sur les médicaments similaires à ceux fabriqués sur le marché local”, s’inquiète Naoufel Amira. Il s’agit d'”une mesure incitative qui appuie l’industrie pharmaceutique nationale”. Il met en garde contre le risque de “pénaliser la totalité du secteur” en cas de signature de l’ALECA.

Le responsable syndical dénonce également la poursuite des négociations sur cet accord par le gouvernement d’une façon unilatérale, en dépit du refus des organisations professionnelles et syndicales, lesquelles organisations n’ont pas été associées à ces négociations.

Il est à rappeler que le quatrième round des négociations entre la Tunisie et l’UE portant sur l’ALECA, se tient du 29 au 3 mai 2019.

Outre la libéralisation des échanges dans le secteur industriel, deux autres domaines qui sont restés en dehors de l’accord de libre-échange pour l’année 2008 (l’agriculture et les services) seront intégrés dans l’accord.