Pour qui travaille l’administration tunisienne ? Sait-elle conjuguer le verbe “consommer tunisien“ ? Est-elle aveugle face au manque de devises pour la Tunisie alors que les TIC sont aujourd’hui le secteur en Tunisie à créer de l’emploi…?

On pourrait multiplier ce genre de questions à l’endroit de notre administration publique, tant elle semble complètement en déphasage par rapport aux réalités du pays.

Le dernier exemple nous venu de ce AO lancé récemment par la douane tunisienne qui “met des critères pour éliminer les entreprises locales“, regrette l’INFOTICA, la chambre nationale syndicale des SSII à l’UTICA, qui rappelle qu’“il y a déjà eu les appels d’offres banques publiques et plus récemment l’AO contrôles des smartphones…“.

Alors, pour le dernier AO, les adhérents de l’INFOTICA appellent le «syndicat pour tenir une conférence de presse au cours de laquelle il dénoncerait ceux qui se cachent derrière ces critères pour éliminer de facto les entreprises locales et favoriser les entreprises étrangères qui leur permettent les voyages et les déplacements à l’étranger …».

«Qu’attend le syndicat pour demander les résultats des différents déplacements de notre ministre incluant ou non les membres de l’UTICA en Algérie, aux Emirats arabes unis, Qatar, Inde, Rwanda, Estonie…?», interroge Karim Ahres. Et de rappeler que «le travail syndical est une responsabilité et exige une veille continue face à cette désorganisation qui règne désormais sur le secteur».

Suite à ces incriminations, le président de l’INFOTICA, Imed ELABED, a écrit ce qui suit : «J’ai adressé une réclamation à la Douane, au MTCEN (ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, NDLR) et à la HAICOP. Ainsi qu’une demande d’appui du Club DSI pour éviter ce genre de situations dans le futur».

«INFOTICA, la chambre nationale syndicale des SSII à l’UTICA, informe ses membres que suite à la réclamation de certaines sociétés, elle a adressé une lettre à la Douane Tunisienne, contestant les critères de sélection de l’appel d’offres n°3/2019 portant sur «un Système d’Information Douanier». En particulier, un critère tel que «référence de projet de plus de 3 millions de dollars» écarte les sociétés tunisiennes et oriente l’appel d’offres vers les sociétés étrangères, souligne le syndicat.

Par la même occasion, INFOTICA invite les donneurs d’ordre des organismes publics à éviter les critères défavorables à l’industrie tunisienne du logiciel.

Priver une SSII tunisienne d’une opportunité de réaliser une première référence en Tunisie, c’est la priver d’aller ensuite vendre des projets similaires dans d’autres pays. Cela nuira à l’exportation des services numériques tunisiens. Les pays qui ont réussi le pari du numérique sont ceux qui encouragent l’industrie locale du logiciel à l’occasion des grands projets de service et d’intégration.

Par ailleurs, au lieu d’aggraver le déficit en devises, accorder des projets à l’industrie locale du logiciel dynamisera l’export et l’entrée de devises par conséquent».

Tout ceci montre que tout est fait pour exclure les SSII tunisiennes des appels d’offres. Maintenant la grande question est de savoir pourquoi, et qui pourrait y mettre un terme, car trop c’est trop. En effet, il n’y aucune logique dans l’agissement de l’administration tunisienne en matière d’appel d’offres. Sinon comment jeter de l’argent –en devises- par la fenêtre alors qu’on aurait pu en gagner par le billais de l’exportation des services?

TB