«Entre mars 2018 et mars 2019, le taux d’intérêt directeur a été augmenté 3 fois, passant de 5,25% à 7,75% et le prix du carburant a été révisé à la hausse 5 fois (à quatre reprises en 2018 et la dernière fois lundi 1er avril). Subir toutes ces augmentations en une année seulement, ça ne peut produire que des chocs et des impacts profonds sur l’activité économique, sans compter la dépréciation du dinar pendant la même période», déplore S.G, un opérateur économique.

Depuis 2011, il n’y a pas que les prix ou les taux directeurs qui ont été révisés, tous les «chefs» des départements ministériels ont été régulièrement «révisés», ce qui a empêché le maintien d’une politique économique cohérente et harmonieuse et une visibilité qui fait défaut dans un pays qui navigue à vue à presque tous les niveaux.

«Il y a eu une accumulation de mesures pour des réformes qui n’ont pas été osées et ce qui explique le marasme dans lequel nous nous débattons aujourd’hui», regrette Tarak Cherif, président de la CONECT, qui ne veut pas accuser le gouvernement Chahed de tous les maux. Ce qui est logique dans la mesure où Youssef Chahed a hérité d’une situation assez dramatique et illogique, car, depuis 2016 Y.C n’a pas osé mettre fin aux dépassements de tous bords et n’a pas bradé les résistances partisanes pour faire valoir la compétence et l’efficience aux appétences des uns et des autres. Le mode de gouvernance absurde imposé par un régime politique où la satisfaction des partis importe plus que l’intérêt du pays y a été pour beaucoup.

Ne nous étonnons donc pas que la CONECT crie au scandale après la dernière augmentation des prix des carburants. «Cette augmentation est dramatique pour toutes les activités économiques et surtout les industries énergivores. Ne pas avoir osé les réformes douloureuses à temps, cela est en train de causer de grandes souffrances à la Tunisie et à son économie».

Le bureau exécutif de la CONECT, le Groupement du Transport et de la logistique ainsi que tous les Groupements sectoriels et les bureaux régionaux de la Confédération et l’Union nationale des taxis expriment leur profonde préoccupation quant aux conséquences directes et indirectes de l’augmentation du carburant sur le secteur du transport, les secteurs de production, du commerce, de l’exportation,  des services et surtout sur la compétitivité de l’économie nationale et l’acte d’investissement pour  les promoteurs tunisiens et étrangers.

La CONECT appelle le gouvernement à «réviser le système d’indexation des variations des prix du carburant au niveau international sur les prix locaux surtout que l’instabilité et les fortes et rapides variations sur le marché international ont eu, avec ce système, de graves conséquences sur le climat des affaires dans le pays et le degré d’attractivité du site Tunisie pour les investisseurs tunisiens et étrangers. Ces perturbations continues ont aussi affecté la gestion et les activités des entreprises et leurs relations avec leurs clients locaux et étrangers et les citoyens».

La CONECT appelle au dialogue immédiat avec les organisations professionnelles concernées et les représentants des secteurs de la production, de la distribution et des services pour convenir d’une nouvelle approche plus réaliste et mieux adaptée pour préserver la compétitivité des entreprises tunisiennes, leur développement et l’attractivité du site Tunisie.

Un appel qui ne trouvera pas automatiquement écho auprès des instances gouvernementales obsédées par la stabilité sociale et assurant à merveille le rôle des pompiers. Un état des choses où tout est géré au jour le jour.

La question centrale est : jusqu’à quand l’Etat puisera dans les poches des contribuables pour pallier aux déficits budgétaires et aux échecs des politiques économiques menées depuis 2011?

A.B.A