Les députés n’ont pas apprécié, mardi 26 février, l’absence du ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Mokhtar Hammami, lors d’une séance plénière consacrée à l’examen du projet de loi relatif à l’adoption de l’accord-crédit signé entre la Tunisie et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BERD), pour un financement supplémentaire du Programme du développement urbain et de la gouvernance locale.

Selon eux, cette absence risque de “porter atteinte à l’image du parlement et des députés et constitue une humiliation du peuple tunisien”.

En effet, Mongi Harbaoui estime que la responsabilité de cette absence incombe au bureau et à la présidence. “Nous examinons aujourd’hui un projet de loi aussi important avec le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire qui n’a rien à voir avec ce sujet”, a-t-il dit.

Les interventions des députés ont également porté sur l’évaluation de l’action municipale, 9 mois après les élections municipales. Le député Zouhaier Maghzaoui a, dans ce cadre, fait observer que la plupart des municipalités ne joueraient pas leur rôle comme il se doit, compte tenu de l’incompétence de leurs responsables.

La plupart des députés ont souligné l’importance de ce crédit dans l’amélioration escomptée, du rendement municipal et la modernisation des services rendus par les collectivités locales, outre ses conditions préférentielles.

D’autres députés ont fait remarquer que les nouvelles municipalités n’ont bénéficié que d’une partie infime de ce crédit, d’autant qu’elles sont privées des plus simples moyens à l’instar des locaux, des équipements et des ressources humaines.

Certains députés recommandent d’ouvrir la voie au recrutement au sein des nouvelles et anciennes communes pour les renforcer par les compétences nécessaires.

Le député Abdellatif El Mekki a appelé à la nécessité d’exploiter au mieux ce crédit surtout dans le domaine de la propreté, l’éclairage public, l’infrastructure de base et la culture.

Le député Mongi Harbaoui a qualifié la situation municipale de “très dangereuse”, faisant remarquer que la plupart des municipalités souffrent d’endettement auprès de la STEG, la SONEDE, la CNRPS et la CNSS, appelant les autorités compétentes à tenir compte de ce genre de problème.

Le député Jilani Hammami s’est interrogé sur les raisons d’obtenir ce crédit, “d’autant que seulement 62% de l’enveloppe du premier crédit ont été débloqués et ce dans le cadre du même programme”.

Selon lui, ce crédit est destiné à appuyer le budget de l’Etat, seule une partie minime sera allouée à l’infrastructure alors que le reste est destiné à la gouvernance et à la gestion.

Le député critique la politique de l’endettement du gouvernement, notant qu’elle finira par détruire le pays, surtout que le taux d’endettement a frôlé près les 73% du PIB. Le crédit est estimé à 107,5 millions d’euros, soit près de 370 millions de dinars, accordés à un taux d’intérêt variable (en plus du taux d’intérêt Euribor à 6 mois, estimé actuellement à 0,7%). La Tunisie s’est engagée à rembourser ce crédit sur 28 ans, dont 6 ans une période de grâce.

Ce crédit sert de financement supplémentaire du Programme de Développement Urbain et de la Gouvernance Locale (PDUGL).

Ainsi, un accord de crédit de 217 millions d’euros a été signé en octobre 2014 à Washington entre la Tunisie et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD).

Jusqu’en juin 2018, 62% des objectifs du programme ont été réalisés. En juillet 2018, un accord de crédit pour un financement supplémentaire; a été signé dans une deuxième étape.

Le programme vise à renforcer les réalisations dans une première étape, en permettant aux anciennes municipalités, dont le nombre s’élève à 272, d’améliorer et de développer leurs infrastructures et de moderniser leurs services pour répondre aux besoins réels du citoyen. Le programme devrait également, améliorer les services des collectivités locales et l’efficacité des projets réalisés à l’intérieur de l’espace municipal.