A l’occasion du 47e anniversaire du “Mouvement de février 1972”, le Centre arabe pour la recherche et les études politiques en Tunisie a organisé un colloque auquel ont participé de figures du mouvement étudiant au cours des années 1980, et des représentants de la Société civile de différentes sensibilités intellectuelles.

“Les divergences politiques qui existaient dans les années 1980 persistent encore en 2019 avec les mêmes figures”, a déploré le secrétaire général de Machrou Tounes, Mohsen Marzouk, estimant que “la complexité de la situation politique en Tunisie ne peut être comprise qu’en étudiant cette période”.

Selon lui, “les conflits personnels entre les protagonistes politiques de l’époque ont influé négativement sur les relations entre les leaders”, avec “la persistance d’une perception romantique de la politique”.

“La vision estudiantine des choses est différente de l’expérience politique”, a-t-il fait valoir, soulignant que “le politicien qui n’évolue pas dans ses idées finit par devenir un politicien figé” et que “tous les politiciens prennent des positions qui correspondent à l’esprit du temps et aux exigences de l’époque”.

Pour sa part, l’activiste politique Borhene Besais a évoqué son expérience étudiante dans les années 1980, affirmant que “le mouvement étudiant actuel manque de compétences nécessaires pour former une élite capable de prendre le flambeau. La question se pose sur la capacité de l’université tunisienne à produire des cadres politiques”.

Il a mis l’accent sur “l’importance d’adhérer au mouvement estudiantin pour épanouir les talents politiques de tout activiste”.

“Au cours des années 1980, l’université connaissait un large spectre de courants et une mosaïque de militants de gauche, de nationalistes et d’islamistes qui se sont principalement opposés au régime bourguibien par soif de démocratie”, a-t-il souligné.

Pour le député Salem Lebayadh, le mouvement étudiant qui foisonnait d’idées “constituait un moment décisif dans l’histoire de l’Union générale des étudiants tunisiens et dans l’émergence de courants politiques qui constituent la scène actuelle”.

Il a mis en exergue “la contribution de l’université dans les aspirations pour la démocratie et l’évolution du discours politique”, notant que “les générations futures devraient prendre connaissance des expériences de différentes tendances politiques afin de tirer les enseignements des erreurs et consolider les points positifs”.

Le congrès du 5 février 1972, organisé par des étudiants de la gauche tunisienne, était dirigé contre des étudiants du régime en place à l’époque après de la dégradation de la situation sociale et pour protester contre le système politique verrouillé.