L’étude “Talents à l’étranger : Une revue des émigrés tunisiens”, réalisée par l’OCDE en partenariat avec le projet Lemma, dont les résultats ont été présentés lors d’une conférence tenue lundi 17 décembre à Tunis, a donné un aperçu du nombre d’émigrés tunisiens et leurs caractéristiques sociodémographiques.

France, Italie et Allemagne, destinations préférées des Tunisiens 

D’après l’étude, en 2015-2016, les pays de l’OCDE comptaient 630.000 émigrés tunisiens dont 83% en France, en Italie et en Allemagne, et 76% sont encore en âge de travailler. Ils sont 500.000 dans les pays de l’UE, dont la majorité est âgée de moins de 35 ans.

Concernant les tendances récentes de l’émigration tunisienne, l’étude a souligné qu’entre 2000-2013, les flux migratoires de la Tunisie vers les pays de l’OCDE ont augmenté de 74% (près de 27.000 par an).

62e position…

Depuis 2013, les flux migratoires légaux de la Tunisie vers les pays de l’OCDE sont stables (25.000 par an). En 2016, la Tunisie occupait la 62e position parmi tous les pays d’origine en termes de flux migratoires à destination des pays de l’OCDE.

“Les migrations de la Tunisie vers les pays de l’OCDE restent dominées par des flux familiaux, mais les migrations pour motif professionnel augmentent depuis quelques années et les flux d’étudiants vers les pays européens de l’OCDE ont quant à eux doublé depuis 2008 (plus de 6.500 permis délivrés en 2016-2017)”, selon cette étude.

Les Tunisiens en 3ème position…

Et que “la part des Tunisiens dans le total des permis délivrés pour motif d’études par la France a atteint près de 6% en 2017, ce qui fait de la Tunisie le quatrième pays d’origine des étudiants étrangers originaires de pays tiers en France, derrière le Maroc, la Chine et l’Algérie”.

47% des émigrés tunisiens ont un niveau d’éducation faible

Quant aux caractéristiques sociodémographiques de la diaspora tunisienne, l’étude montre que le contraste entre le niveau d’éducation des descendants d’émigrés tunisiens et les émigrés tunisiens est marqué. Ainsi, dans les pays de l’OCDE, 47% des émigrés tunisiens présentent un niveau d’éducation faible; un niveau qui tend à augmenter.

Par ailleurs, 77% des descendants d’émigrés tunisiens ont un niveau d’éducation intermédiaire ou élevé. Par contre, les émigrés tunisiens récents sont majoritairement jeunes et qualifiés.

D’après l’étude, les situations des émigrés tunisiens sur le marché du travail sont hétérogènes selon les pays d’accueil : en Amérique du Nord ou en Suisse, les émigrés tunisiens ne rencontrent pas de difficultés sur le marché du travail, tandis que dans leurs principaux pays de destination européens (France, Italie ou Belgique), les émigrés tunisiens ont des taux d’emploi relativement bas et des taux de chômage relativement élevés.

Pas de problèmes particuliers pour les diplômés du supérieur

Toutefois, les émigrés tunisiens diplômés du supérieur ne rencontrent pas de difficultés supplémentaires à valoriser leurs diplômes par rapport aux personnes nées dans le pays.

En ce qui concerne les liens entre la Tunisie et sa diaspora, l’étude a précisé que l’effectif total des tunisiens de retour âgés de 15 ans et plus résidant en Tunisie en 2014 était de l’ordre de 60.000, dont 20.000 revenus après 2009. Deux tiers d’entre eux résidaient auparavant dans un pays de l’OCDE.

A leur retour, les émigrés tunisiens occupent souvent des emplois complémentaires de ceux occupés par le reste de la population.

Selon cette étude, “les Tunisiens de retour hautement qualifiés jouent à ce titre un rôle clé et il est indispensable de valoriser au mieux leurs compétences. Les Tunisiens de retour, mais aussi les émigrés tunisiens résidant encore à l’étranger, contribuent également au développement économique de la Tunisie au travers de leurs transferts de fonds, de la création d’entreprises ou d’investissements, qui sont des moteurs clés de la création de nouveaux emplois”.