Le deuxième appel d’offres n’ayant suscité que deux offres, celles faites par les groupes Lotfi Abdennadher et des héritiers de Béchir Ben Jemaa, Al Karama Holding les ayant jugées insuffisantes a engagé des négociations avec les deux soumissionnaires pour essayer de les convaincre d’en faire une meilleure.

D’après nos informations, l’homme d’affaires Lotfi Abdennadher a répondu favorablement à cette demande. Et devrait de ce fait –sauf mauvaise surprise de dernière minute- s’adjuger le groupe de presse jadis contrôlé successivement par la famille Cheikhrouhou puis Sakher El Materi. 

Et de trois. Après la famille Habib Cheikhrouhou, Sakher El Materi, gendre de l’ancien président Ben Ali, c’est autour de Lotfi Abdennadher de prendre le contrôle de la Société Tunisienne de Presse, d’Impression, d’Edition, de Diffusion et de Publicité «Dar Assabah».

Le fondateur et patron du groupe éponyme a en effet, d’après nos informations, accepté d’accéder à la demande d’Al Karama Holding d’améliorer son offre. Après avoir initialement proposé 750.000 dinars, l’homme d’affaires aurait accepté de mettre sur la table 1,750 million de dinars pour avoir les clefs du plus ancien groupe de presse du pays.

Finalement, il aura donc fallu un peu plus d’une année à Al Karama Holding pour trouver un repreneur pour Dar Assabah à un prix relativement acceptable. Certes, 1,750 million de dinars cela peut paraître peu, mais si l’on tient compte de l’endettement du groupe de presse –estimé entre 16 et 18 millions de dinars-, l’offre est assez généreuse.

Créée en octobre 1969, la Société Tunisienne de Presse, d’Impression, d’Edition, de Diffusion et de Publicité «Dar Assabah» publie trois journaux papiers : «Assabah» (quotidien en arabe), «Le Temps» (quotidien en français), «Assabah Al Ousboui» (hebdomadaire en arabe) et «Assabah news» (un journal électronique en arabe).

Le premier appel d’offres pour la cession de Dar Assabah avait été lancé en septembre 2017 et n’avait suscité qu’une seule manifestation d’intérêt, celle de Lotfi Abdennadher. Et ce en dépit des effets des conseils d’Al Karama Holding dans cette opération –les cabinets Expertise, Finance et Conseil «EFC» (Salah Dhibi), Arab Financial Consultant «AFC» et Ferchiou & associés «FA» qui avaient approché plusieurs grands groupes –dont en particulier Mzabi et Poulina Group Holding- pour les encourager à candidater au rachat de Dar Assabah, en vain.

Ce premier appel d’offres ayant été déclaré infructueux, un deuxième a été lancé qui aujourd’hui semble aboutir. Donc, rien ne semble devoir empêcher la transaction entre le groupe Abdennadher et Al Karama Holding. Même pas l’Instance Vérité et Dignité (IVD) ? En effet, l’Instance présidée par Sihem Ben Sedrine est concernée par ce dossier depuis qu’en novembre 2017 elle avait décidé de bloquer la cession de Dar Assabah au groupe Abdennadher, et ce à la demande de Moncef Cheikhrouhou.

Un des héritiers de Habib Cheikhrouhou et ancien actionnaire avait pu obtenir cette décision en arguant qu’il avait cédé ses actions à Sakher El Materi sous la contrainte. L’IVD avait alors annoncé qu’elle statuerait plus tard sur le fond de l’affaire.

Nous lui avons posé la question et demandé aussi ce qu’elle ferait si la transaction entre Lotfi Abdennadher et Al Karama Holding –qui, selon une source proche du dossier, a décidé d’ignorer le «veto» de l’IVD- est conclue et officialisée. Mais nous n’avons pas eu de réponse.

Moncef Mahroug