“Il faut adopter une vision différente pour transformer le phénomène de la mobilité des talents tunisiens en opportunité”, a insisté jeudi, Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

S’exprimant lors de la 27ème édition du forum annuel de l’Association des tunisiens des grandes écoles (ATUGE), tenue jeudi 5 avril aux Berges du Lac, sur le thème “la mobilité des talents, opportunités et défis pour les tunisiens”, Khalbous a souligné la nécessité de garder le contact avec la diaspora afin de bénéficier de son apport au pays.

Présentant la stratégie susceptible de tirer profit de la mobilité des Tunisiens, il a signalé qu’elle repose sur trois axes à savoir l’attractivité par niches (spécialités), une politique de mobilité et le réseautage international.

La mobilité des talents est un sujet complexe et à dimensions multiples, a encore dit Khalbous, appelant à prendre en considération les aspects sociologique, scientifique et économique de ce phénomène.

Selon le ministre, le nombre des cadres supérieurs tunisiens installés à l’étranger est de 8.200, dont 10% sont des femmes. 2.300 d’entre eux sont des enseignants chercheurs, autant d’ingénieurs, 1.000 médecins et pharmaciens et 450 informaticiens non ingénieurs. Le ministre a présenté, dans ce même cadre, un bilan sur la mobilité des tunisiens dans le cadre de la coopération technique, précisant que 70% des ressortissants tunisiens migrent vers les pays arabes.

Concernant la mobilité des étudiants, elle a presque triplé, d’après le ministre, de 2015 à 2017, passant de 640 étudiants à 1.780 par an. Les bourses à plein temps attribuées aux étudiants (pendant toute la durée de leurs études) s’élèvent à 2.330, alors que les bourses d’alternance (de courte durée, de 3 à 6 mois) sont de 1.500, a-t-il ajouté.

Retraçant la situation de la mobilité des talents à travers le monde, Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, a souligné l’augmentation de 50% de cette mobilité entre 2013 et 2020. La mobilité est une tendance mondiale et un phénomène naturel, a-t-il signalé, affirmant que 60% de ces talents veulent avoir une mobilité dans sa carrière.

L’ambassadeur de l’UE en Tunisie a exprimé, dans ce cadre, son appui à la mobilité, estimant que “l’ouverture des frontières signifie l’ouverture des esprits”. Il a appelé à mettre “les talents des uns au service des besoins des autres”.

Les résultats d’une enquête réalisée en 2018 par l’ATUGE, sur la mobilité des compétences à l’étranger sur un échantillon de 400 personnes ont été présentés dans le cadre de ce forum. Un départ sur trois est dû aux conditions du pays (corruption, bureaucratie…), a révélé l’enquête.

Le forum de l’ATUGE accueille, chaque année, plus de 2.000 visiteurs et plus de 25 entreprises. La moitié des visiteurs sont des jeunes diplômés à la recherche d’opportunités de carrières.

Cette journée qui s’articule autour d’une conférence plénière sur le thème “Comment rendre la Tunisie plus attractive pour ses talents”, comporte quatre tables rondes sur les questions ayant trait à la mobilité dans les métiers de la santé, enseignement supérieur, recherche scientifique et mobilité internationale, retour par la voie de l’administration et la mobilité dans les métiers du digital.

Créée en 1990, l’ATUGE œuvre, à travers ses trois bureaux (Tunis, Paris et Londres), à apporter des réponses aux préoccupations communes, en traitant des thèmes d’ordre politique, culturel et socioéconomique.