Le dinar tunisien doit encore être déprécié, cette année, si la Tunisie veut relancer ses exportations et relancer son économie, secouée par les bouleversements politiques depuis la révolution de 2011. C’est la “bombe à fragmentation socioéconomique” que vient de lancer le chef de mission du FMI en Tunisie, Bjorn Rother, cité dans un article du site Bloomberg, paru mercredi 4 avril 2018.

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Réagissant à cette déclaration, l’économiste tunisien Aram Belhadj a estimé que “cette déclaration nous laisse perplexes sur la manière dont l’institution de Bretton Woods raisonne et montre encore une fois que le FMI apporte ou plus clairement impose des recettes standards à des pays hétérogènes”.

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Selon lui, “il s’avère que les solutions proposées à notre pays ne sont pas convenables, voire graves, pour l’économie et la paix sociale. Rien que pour la question du dinar, le FMI souhaite une dépréciation supplémentaire de notre monnaie pour arriver à un taux de change réel d’équilibre. Cette recommandation n’aura certainement pas l’impact déclaré (correction du mésalignement du taux de change et amélioration de la compétitivité). Au contraire, elle alimentera l’inflation, alourdira la charge de la dette et plombera davantage l’économie”, pense-t-il.

Il poursuit son analyse: “Le flottement tant souhaité par le FMI sera, de mon point de vue, un acte suicidaire pour une économie qui n’a pas su agir et commencer à bâtir les jalons d’un nouveau modèle de développement. Le flottement qui va encore pousser le dinar à se déprécier ne va pas encourager les entreprises tunisiennes à monter au créneau et, par conséquent, améliorer l’intégration de l’industrie tunisienne dans les chaînes de valeurs mondiales. L’économie restera désormais une économie basée sur la sous-traitance, avec un taux de change en dépréciation et une main-d’œuvre bon marché”.

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