“Les zones de transformation agroalimentaire (ZTA) joueront un rôle majeur dans le développement de l’agriculture des pays africains”.

C’est en tout cas ce que pense la directrice du financement agricole et du développement rural à la Banque africaine de Développement (BAD), Atsuko Toda, qui s’exprimait à l’occasion d’un séminaire de valorisation des connaissances sur les défis et opportunités liés à l’aménagement et à la mise en œuvre des ZTA dans les pays africains organisé, à Tunis, à l’initiative du département de l’Agriculture et de l’agro-industrie de la BAD.

Les ZTA visent à transformer le paysage rural africain en zones économiques de prospérité et à accroître la capacité ainsi que l’efficacité de la production alimentaire et la valeur ajoutée de l’agriculture, voire à promouvoir le commerce local, régional et international et à booster les investissements dans l’agro- industrie.

Elles ZTA permettent, également, d’accroître la contribution du secteur agricole au PIB et à la création d’emplois.

Pour Atsuko Toda, les ZTA doivent reposer sur un cadre politique et réglementaire facilitant le partenariat public privé (PPP) et à même d’améliorer le climat des affaires. Elles doivent être soutenues, également, par le gouvernement et mises en œuvre par le secteur privé.

De son côté, l’expert en réduction de la pauvreté à la BAD, Justin Murara, estime que les ZTA demeurent essentielles pour la valorisation des produits agricoles et la création d’emplois pour les jeunes. Et que l’agriculture constitue, en effet, une importante source de revenus en Afrique et un grand pourvoyeur d’emplois, cependant son potentiel non exploité s’est traduit par la persistance de la pauvreté et la détérioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie des populations.

Justin Murara a fait savoir que 49% de la population africaine vit au dessous du seuil de pauvreté (soit 420 millions de personnes), dont plus de la moitié en zones rurales, et que la facture nette des importations alimentaires de l’Afrique dépasse les 35 milliards de dollars par an.

L’expert souligne que ce séminaire vise à créer une synergie entre les pays africains pour stimuler les échanges de vues, établir une dynamique de partage continu d’expériences et à explorer avec les participants les opportunités de financement et de gestion les plus prometteuses pour les futures ZTA ainsi que les futurs plans d’action.

Ce séminaire va permettre, selon lui, d’évoquer les dispositifs institutionnels à mettre en place et l’infrastructure intelligente à bâtir. Les participants auront également à définir le rôle des investisseurs privés pour le développement des chaînes de valeurs agricoles et à identifier des mécanismes innovants de financement des entreprises au sein des zones de transformation dans les pays africains.

Par ailleurs, la directrice générale des industries agro-alimentaires au ministère tunisien de l’Industrie et des PME, Hamida Belgaied, a indiqué que la Tunisie œuvre à exploiter toutes les potentialités de création de ZTA pour développer l’agroalimentaire, qui occupe d’ores et déjà, une place importante dans le paysage économique national.

Elle a précisé que le secteur des industries alimentaires a toujours joué un rôle moteur dans la promotion de l’agriculture tunisienne et la valorisation de ses produits. Il a même contribué à la réalisation de la sécurité alimentaire du pays, a-t-elle affirmé.

“La Tunisie a pour ambition d’améliorer la valeur ajoutée des produits agricoles, de consolider les exportations dans le secteur de l’agriculture, de développer les activités de transformation et de renforcer la sécurité sanitaire”, a encore ajouté la responsable.

En Tunisie, le taux de transformation des produits agricoles dépasse les 60%.

Belgaied a souligné que la Tunisie a crée en 2006 le pôle de compétitivité de Bizerte pour dynamiser et développer le secteur des industries alimentaires.

“Nous allons appuyer ce centre pour qu’il soit un modèle pilote pour les zones de transformation agricole en Tunisie”, a encore précisé la directrice générale des industries agro-alimentaires.

Elle a indiqué, dans ce contexte, que les conclusions de cet événement vont permettre de dégager des pistes et des idées pertinentes permettant d’enrichir la politique nationale de développement de l’agro-industrie.

A noter que le séminaire qui se tiendra sur trois jours (du 12 au 14 fevrier 2018) réunit une centaine de représentants issus des départements sectoriels de l’agriculture et de l’industrie, en provenance notamment du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Mozambique, de la Tanzanie et du Togo.

Au programme, une visite de la technopole de Bizerte, prévue pour le 2ème jour de la conférence.