La hausse des prix des produits de consommation, due à l’augmentation de la TVA décidée dans le cadre de la loi de finances 2018, entraînera une aggravation de l’inflation d’au moins 1% par rapport aux niveaux moyens de l’inflation enregistrés en 2017. C’est ce qu’estime un responsable de l’Institut national de la statistique (INS) qui a requis l’anonymat, cité par l’agence TAP.

En effet, ce responsable assure que le mois de janvier 2018 enregistra une inflation persistante, et ce suite à la hausse de 1% de la taxation de différents produits (passant de 6 à 7% pour certains, de 12 à 13% pour d’autres, et de 18 à 19% pour d’autres encore), ce qui engendrera une hausse minimale de l’inflation de 0,5%.

A cela s’ajoute la dernière hausse des prix du carburant qui sera à l’origine d’un accroissement d’au moins 0,5% de l’inflation. Il explique que l’augmentation des prix des produits pétroliers aura un impact direct sur le pouvoir d’achat du citoyen, mais aussi un impact indirect sur le coût du transport des personnes et des marchandises et sur le coût de la production et de la compétitivité des entreprises.

Le droit au choix du consommateur n’existe plus en Tunisie

Pour Foued Ajroudi, porte-parole de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC), “le droit au choix du consommateur qui lui donne accès à une variété de produits et services correspondant à ses besoins, à des prix compétitifs, n’existe plus en Tunisie, surtout avec la hausse continue des prix et la dernière augmentation de la TVA qui a engendré un renchérissement excessif et incontrôlé de certains produits”.

“Ceci constitue désormais un réel problème en Tunisie, puisque des commerçants ont profité de cette situation pour augmenter, abusivement, les prix de certains produits d’usage quotidien. Confronté à la hausse des prix de la majorité des produits, le consommateur se retrouve dans une situation difficile avec la détérioration de son pouvoir d’achat”, a-t-il relevé.

“La hausse de la TVA n’est pas la solution à adopter en pareille situation de crise. Imposer plus d’impôts au consommateur et au secteur organisé est une démarche erronée et inopportune, à même d’obliger certains à recourir à la fraude ou à la fermeture”, craint-il.

“54% de l’économie tunisienne ne sont pas soumis actuellement à la TVA alors que le pays souffre déjà des phénomènes de l’expansion du marché parallèle et du flux des importations anarchiques”, rappelle-t-il.

“La vie est chère pour le consommateur au moment où les phénomènes de fraude et de spéculation prennent de plus en plus d’importance et nécessitent des interventions fortes de la part de l’Etat. Les prix sont contrôlés et manipulés par les grands spéculateurs, a l’exemple des centaines de tonnes de pommes de terre saisies récemment et qui étaient stockées illégalement, dans le but de manipuler les prix sur le marché. Toute personne impliquée dans des fraudes doit figurer sur une liste noire et privée de toute opération avec l’Etat”, a t-il estimé.

Dans ces conditions, il appelle à réviser les mécanismes de concession et de régulation ainsi que les systèmes de sous-traitance au niveau des marchés de gros en particulier et des autres marchés en général, étant donné qu’ils ont laissé libre cours à la spéculation et aux fraudes.

L’enchérissement des prix touche aussi le secteur de l’automobile. En effet, face à la hausse de la TVA, la classe moyenne ou le fonctionnaire ordinaire trouvera des difficultés à acheter une nouvelle voiture populaire dont le prix atteint actuellement plus de 30 mille dinars.

Il convient de rappeler que l’UGTT a estimé que les mesures prises par le gouvernement ont entraîné une forte hausse des prix de plusieurs produits de consommation quotidienne et prédit comme corolaire, une hausse du taux d’inflation, une détérioration du pouvoir d’achat des Tunisiens et une amplification des disparités sociales.

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Pour rappel, la BCT avait fait état, fin décembre 2017, de la poursuite de l’accélération de l’inflation pour atteindre 6,3%, en glissement annuel, en novembre 2017 contre 5,8% en octobre, 5% en avril et 4,6% en janvier 2017. L’institut d’émission a souligné l’accentuation des pressions inflationnistes en perspective, qui s’établirait en moyenne à 6,1%, en glissement annuel, en 2018 contre 5,2% attendue en 2017.

Dans une interview à l’Agence TAP, l’expert-comptable Walid Ben Salah avait mis en garde contre l’augmentation du taux d’inflation, laquelle pousserait le citoyen à recourir à l’économie informelle, alors que l’un des principaux objectifs du gouvernement est de lutter contre l’économie parallèle.