La Tunisie doit encourager les aquaculteurs locaux

La Tunisie importe, chaque année, environ 120 millions d’alevins pour subvenir aux besoins de l’aquaculture locale. Pourtant, l’Etat aurait du encourager cette filière parvenue à maturité et éviter une “hémorragie de devises”, ont déclaré à l’agence TAP, les responsables de l’écloserie “Aquaculture Tunisienne”, située dans la localité de Halk El Menjel, à 17 Km de Chott Mariem à Sousse, rencontrés au Salon international de l’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche “SIAMAP 2017”, qui se tient du 31 octobre au 5 novembre 2017 au Parc des expositions du Kram.

Radhouane Erguez et Ridha Meddeb regrettent, tous deux, l’absence d’une vision stratégique pour réguler l’aquaculture en Tunisie, une filière qui dispose de tous les atouts pour approvisionner le marché local en alevins, lesquels contribuent directement dans le coût de la production (15 à 20%) et aussi gagner des parts de marchés internationaux.

“Notre spécialité principale est la production de deux espèces d’alevins: les dorades et les loups de mer. Nous maîtrisons l’élevage de ces deux espèces et nous avons même des nouveautés par rapport aux autres pays du bassin méditerranéen”, a indiqué Ridha Meddeb.

Et d’ajouter, “nous adoptons un process tout à fait naturel d’élevage des alevins et nous voulons que l’Etat se lance dans un programme de labellisation des produits de l’aquaculture tunisienne pour assurer à la production locale de meilleures chances d’accès aux marchés extérieurs exigeants en termes de qualité”.

En réponse à une question sur les qualités nutritives des poissons d’élevage, Radhouane Erguez explique que la différence entre les poissons d’élevage et ceux de la mer réside dans la qualité de la nutrition et le bien-être des poissons. Le taux de lipides n’est pas le même pour les poissons d’élevage et ceux de la mer et aussi l’apport en oméga 6 et 3.

“C’est vrai que le poisson de mer est toujours mieux en termes d’apports en oméga 3 et 6 et aussi contient moins de lipides vu son alimentation naturelle, mais la qualité des produits aquacoles dépend de leur alimentation”, a-t-il dit, relevant qu’en Tunisie “on n’a que des processus naturels d’élevage, parce qu’en termes de mœurs et de valeurs, nous n’acceptons pas encore l’idée de modification génétique animale”.

“Il n’y a aucun danger sanitaire pour la consommation des poissons d’élevage”, insiste-t-il, appelant l’Etat à instituer un label similaire au label rouge adopté en Europe et qui informe le consommateur sur la qualité des poissons commercialisés.

Les deux responsables ont évoqué un “bradage des prix” pour les produits de l’aquaculture, estimant que les pisciculteurs tunisiens sont aujourd’hui en difficulté avec la dépréciation du dinar et l’augmentation des coûts de production.

“Nous avons besoin d’une législation qui régule la filière et de labels pour garantir la traçabilité des produits et de mentionner leurs teneurs en oméga et en lipides pour des consommateurs de plus en plus exigents”, a lancé Ridha Meddeb.