Constitution d’un Réseau nord-africain pour la souveraineté alimentaire

Créé à l’initiative de neuf organisations anticapitalistes nord-africaines, ce réseau, provisoirement installé à Tunis, entend militer contre «le système agro-industriel responsable de la destruction des ressources naturelles et du chaos climatique mettant en danger la vie des millions de personnes».

RNASA. Cet acronyme désigne le Réseau nord-africain pour la souveraineté alimentaire, dont on va peut-être entendre à l’avenir, créé par un groupe de militants (es) et activistes de 9 organisations nord-africaines d’orientation anticapitaliste -3 tunisiennes (Association écologie pour l’environnement agricole vert, Association un million de femmes rurales et Observatoire de la souveraineté alimentaire et écologique), 3 marocaines (Fédération nationale du secteur agricole, Union marocaine du travail, Association ATTAC Maroc -Secrétariat international partagé du réseau international du comité pour l’abolition de la dette illégitime CADTM et Syndicat National des Marins Pêcheurs de la Pêche Côtière et Hauturière au Maroc), 2 algériennes (Organisation de la justice environnementale en Afrique du Nord et Coordination nationale pour la souveraineté alimentaire), 1 égyptienne (Initiative nationale pour le soutien des coopératives)- réunis les 4 et 5 juillet 2017 à Tunis.

Le RNASA voit dans la souveraineté alimentaire un «droit humain des peuples, individus et communautés pour définir leur système d’alimentation», «liée au droit à l’autodétermination des peuples aux niveaux politique, économique, social, culturel et environnementale» et «incompatible avec le système agro-industriel responsable de la destruction des ressources naturelles et du chaos climatique mettant en danger la vie des millions de personnes».

En ce qui concerne l’Afrique du Nord, le Réseau estime qu’elle «subit depuis des décennies une perte soutenue de sa souveraineté alimentaire, qui «a commencé avec la colonisation» et continue depuis «par les politiques néocoloniales, productivistes et extractivistes dites de développement». Elle aurait même empiré «à cause des divers programmes d’ajustement néolibéraux et (…) des soumissions aux clauses des accords « de libre échange » avec l’Union Européenne, les États Unis ou autres, ainsi qu’aux conditionnalités de l’Organisation Mondiale du Commerce».

Pour «faire face à cette situation», le «réseau» entend fédérer «toutes les associations, les organisations populaires, syndicats et mouvements sociaux de tendances anticapitalistes et anti-extractivistes», mettre «en œuvre toute action militante possible: études critiques, campagnes, actes militants et réseautage, avec les mouvements qui luttent pour les mêmes objectifs ainsi que toute forme de coordination et de solidarité», travailler «en synergie et en coordination avec toute action militante anticapitaliste et contre l’accaparement des richesses, l’asservissement des peuples et des êtres humains, la ségrégation et le racisme, et ce aux échelles nationale, régionale et internationale», et œuvrer «à tisser des alliances et des relations soudées avec des organisations militantes pour la souveraineté alimentaire au niveau de la région, du continent et à l’échelle internationale».

Cette organisation, qui a installé le siège de sa coordination en Tunisie, s’est engagée à rédiger un statut et un règlement intérieur appelés à «être validés démocratiquement» avant l’expiration de l’année en cours, puis procéder ensuite à instaurer ses structures «conformément à un statut juridique clair qui sera adopté démocratiquement».