Tunisie – Economie : Les dangereux dépassements des dépenses publiques

Avant son départ du département des Finances, Slim Chaker, qui vient d’être nomméministre chargé de l’Economie auprès de la présidence de la République, a estimé le dérapage que connaissent les dépenses publiques durant l’exercice 2016 à 2,6 milliards de dinars.

Selon lui, ce dérapage provient principalement de dépenses non prévues par la loi de finances 2016. Il s’agit, entre autres, de l’augmentation des salaires en faveur des forces de sécurité et de la majoration de la masse salariale non prévue dans le ministère de l’Education parce qu’elles n’ont pas été estimées au départ par ce département.

Les salaires sont actuellement à 13,3 milliards de dinars. Si la tendance se poursuit, on sera à 15,3 milliards de dinars l’année prochaine. Dans ce cas de figure, la masse salariale va dépasser les 15% du PIB et plus de 50% du budget, ce qui est énorme et insoutenable d’autant plus qu’aujourd’hui la croissance est faible.

Ce dérapage provient également du déficit de la CNRPS qui va nous obliger à mettre 300 MDT en 2016 et 500 MDT en 2017 en attendant de trouver une solution à ce problème structurel, celui des caisses de sécurité sociale (CNRPS, CNSS, CNAM).

Il y a aussi quelques dépenses additionnelles qui sont dues au glissement du dinar. Ces dépenses ont impacté, négativement, les remboursements en dinars: remboursement de la dette, des  produits compensés importés (céréales…).

La baisse du cours du pétrole s’est traduite par une moins-value en matière de recettes fiscales. La saison agricole a été très modeste. Cela est perceptible à travers l’absence d’eau dans beaucoup de régions en raison de la sècheresse.

D’après l’ancien ministre des Finances, le déficit d’eau s’est traduit par une révision à la baisse du taux de croissance estimé auparavant à 2,5%. Actuellement, la croissance est estimée à 1,8% et même à 1,5%. Les statistiques du premier semestre qui viennent d’être publiées par l’INS font état de 1,2%. Quant aux projections pour le second semestre, elles seraient, selon Slim Chaker, aux alentours de 1,5% à 1,6% au maximum. Autrement dit, nous sommes très loin des 2,5% initialement prévus.