Jacques Lang : «Il y a une grande injustice à l’égard de la Tunisie»

Jacques-Lang.jpg«Je trouve qu’il y a une grande injustice à l’égard de la Tunisie. Que les visiteurs désertent ce pays sublime, si beau, si ouvert, si cultivé, si raffiné est inacceptable», a déclaré Jacques Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA) et ancien ministre français de la Culture.

Jacques Lang, de passage à Tunis, a appelé à ce qu’il y ait un effort collectif entre la Tunisie et d’autres pays appuyé par ses amis. «En France, il y en a beaucoup» pour que le site reprenne son attractivité et sa place en tant que destination privilégiée des visiteurs étrangers. «Il n’y a pas plus de danger en Tunisie qu’en France, en Allemagne ou en Suisse. Il faut absolument que d’ici l’année prochaine, le pays arrive à remonter la pente».

Réagissant au fait que la Tunisie se sente lâchée par ceux là-mêmes qui avaient fait l’apologie de la démocratie en transition et du pays des printemps arabes, M. Lang a affirmé que notre pays n’a pas été abandonné par tout le monde et que des fois «il arrive souvent que l’on se lâche soi-même». D’où l’importance de se ressaisir rapidement. «Il ne faut pas que mes amis tunisiens se résignent à cette situation. Et j’appelle Youssef Chahed, le nouveau chef de gouvernement -auquel je souhaite beaucoup de succès- à exprimer, à ses homologues partout dans le monde, tout haut, son indignation pour ce qui est de l’attitude observée à l’encontre de la Tunisie».

Jacques Lang a exprimé son admiration pour la capacité d’adaptation des Tunisiens lesquels, terrassés par les attentats de Sousse, ont été très réactifs, et ont «retrouvé leur énergie, leur combattivité, la volonté de vivre et repris les choses en main».

Le président de l’IMA a, à l’occasion d’un entretien accordé à Webamanagercenter.com (entretien qui sera publié dans les prochains jours), déploré la médiocratie dans laquelle baigne la scène politique internationale et particulièrement française. «Je suis abasourdi par la qualité des débats qui monopolisent les médias français ces temps-ci ainsi que par celle des politiques français. Que l’on reste 3 mois à discuter du phénomène du Burkini sur les plages françaises et des mesures prises à l’encontre de celles qui le mettent, que les UNES des grands journaux y soient consacrées, cela me paraît inimaginable. L’un est pour son interdiction, l’autre pour “je ne sais pas quoi“… Ils sont ridicules. Je ne peux pas dire que je ne suis pas pour, c’est mon choix, mais je vois ici en Tunisie des femmes en bikini, d’autres pas. Il ne faut quand pas exagérer, il n’y a pas des milliers de femmes qui portent cette tenue. Et en la matière, il vaut mieux éviter les débats stériles et calmer les choses par une véritable tolérance».

A l’IMA, Lang reçoit chaque jour des femmes sans voile et avec voile, il discute avec elles sans distinction aucune et sans a priori. D’après lui, ça n’est pas sous-estimer le danger extrémiste que d’être ouvert aux idées de tous, mais il ne faut pas «généraliser et mettre tous les musulmans dans le même sac. Je suis contre toute forme de discrimination et d’interdiction sauf celles des armes, des idéologies fascistes qui entraînent des guerres. Au-delà de mes choix tout-à-fait personnels, comme je vous l’ai déjà précisé, les femmes voilées ont le droit de s’habiller comme elles le veulent. D’ailleurs, elles le portent des fois avec beaucoup d’élégance».

Jacques Lang a bien raison, l’industrie de la mode a trouvé une nouvelle niche dans la création et la commercialisation à grande échelle du prêt-à-porter destiné aux femmes voilées. C’est un secteur porteur comme les finances et les produits hallal. Avec, aujourd’hui, un marché mondial ouvert, globalisation galopante oblige, les grandes firmes profitent de la réislamisation du monde pour en tirer les meilleurs profits. Et comme par hasard, ce sont toujours les «koffars» (les mécréants) qui bénéficient de la nouvelle culture islamique qui se répand comme feu au poudre…

Mais cela est une autre histoire.

Nous y reviendrons

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