Tunisie – Tourisme : Houssem Ben Azzouz tacle le Plan quinquennal 2016-2020

Par : TAP

houssem-ben-azzouz-tourisme.jpgAlors que le tourisme tunisien est en plein marasme, les choix stratégiques et les réformes proposées pour ce secteur dans la note d’orientation du Plan quinquennal de développement (2016-2020) restent vagues, imprécis et confus, estime Houssem Ben Azzouz, président du groupement professionnel du tourisme au sein de la CONECT (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie).

Le responsable de la CONECT considère, dans un entretien avec l’Agence TAP, qu’une lecture de cette note d’orientation donne «l’impression qu’il s’agit d’une simple amélioration des anciens textes, ne reflétant pas une réelle volonté de créer le changement, “bien que la conjoncture nécessite de mettre en place un scénario de réformes globales, pour sortir de la crise tant au niveau sécuritaire que de celui de la qualité des prestations touristiques”.

La crise du tourisme qui s’est déclenchée à la suite de la révolution tunisienne, début 2011, a subi le contrecoup des attentats terroristes ayant ciblé des touristes au Musée du Bardo et dans un hôtel à Sousse (mars et juin 2015) et ensuite un bus de la garde présidentielle (novembre 2015) ainsi que de l’attaque terrorisme contre la ville de Ben Guerdane (mars 2016).

Selon les dernières statistiques du ministère du tourisme, les entrés touristiques n’ont pas dépassé les 468.320 personnes, du 1er janvier au 10 mars 2016, accusant une baisse de 19,1% par rapport à la même période de 2015. Les recettes du secteur en nette régression, ont chuté de 54,2%, à 181,9 millions de dinars (MDT).

Absence de décisions et de réformes…

Pour l’ensemble de l’année 2015, les recettes touristiques ont été modestes, marquant un repli de 33,2% par rapport à 2010, à 2,35 milliards de dinars. Pour Azzouz, la crise réelle que gangrène le tourisme tunisien résulte indépendamment de la situation sécuritaire qui est à l’origine d’une crise “conjoncturelle”, de la nature de l’activité touristique et de la qualité des services présentés. Face à ce constat, aucune réforme, ni décision n’a été prise afin de changer les choix obsolètes propres à une période donnée, qui ont déterminé la politique touristique nationale.

“Ce sont des choix qui portent essentiellement sur le développement du tourisme balnéaire, sans accorder d’intérêt à la diversification du produit pour répondre aux attentes des touristes qui cherchent plutôt des produits exotiques, liés particulièrement au tourisme culturel, saharien et sportif, mais aussi d’aventure en dehors des murs des hôtels”.

Le président du groupement professionnel du tourisme recommande de fonder les réformes sur la base de la diversification des produits, d’asseoir un cadre législatif favorable, de fournir les financements nécessaires et de commercialiser la destination touristique tunisienne en utilisant les moyens de communication les plus modernes.

Nécessité d’une bonne gouvernance dans le secteur

Il met également l’accent sur la nécessité d’instaurer la bonne gouvernance dans le secteur, à laquelle l’administration (ministère du tourisme et ONTT) et les organisations professionnelles sont des parties prenantes, dans le cadre du partenariat entre les secteurs public et privé.

Et de rappeler que l’administration tunisienne a déjà élaboré trois études stratégiques sur le secteur touristique en 2001 (en collaboration avec le Japon moyennant une enveloppe d’un milliard de dinars), en 2002 (en collaboration avec un bureau d’études français) et en 2009 (le tourisme tunisien à l’horizon 2016). «Ces études ont toutes présenté des solutions susceptibles de permettre au secteur touristiques de réaliser un bond qualitatif. Malheureusement ces dernières à l’instar de plusieurs autres études stratégiques, tombent dans l’oubli, dès que l’équipe de travail change».

Azzouz estime que «le tourisme tunisien constitue l’un des plus grands chantiers de réforme dans le pays», soulignant que cette opération suscite l’appréhension de l’administration qui à son tour, a besoin d’une restructuration.

En conclusion, il pointe du doigt le sureffectif dans l’administration du tourisme, puisque l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) emploie 1.400 fonctionnaires contre 140 seulement pour l’Office du tourisme français, pays qui a attiré, selon les statistiques de 2009, près de 80 millions de touristes et engrangé 50 milliards d’euros de recettes.