Nidaa Tounes : L’intronisation camouflée de Hafedh Caïd Essebsi

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Le soupçon s’est avéré fondé. Comme on s’y attendait et malgré les dénégations de son entourage, plus particulièrement de son propre père, Hafedh Caïd Essebsi a bel et bien hérité des commandes du parti présidentiel. Certes, il n’a pas le titre de président, comme son père de président en son temps, ni même celui de secrétaire général –comme ce fut le cas respectivement de Taieb Baccouche et, brièvement de Mohsen Marzouk. Non, HCE n’a eu droit à aucun de ces postes pour la simple raison, d’après Khemais Ksila, que ceux-ci ont été annulés par le congrès de Sousse pour … démentir «la théorie de la transmission héréditaire» du parti.

Lui aussi soucieux d’éloigner la suspicion de passe de témoin entre père et fils, Raouf Khammassi a quant à lui affirmé que Hafedh Caïd Essebsi n’est pas le nouveau chef de Nidaa Tounes et qu’il n’est que le n°3 dans la hiérarchie du parti.

Finalement, on n’a fait que pousser Boujemaa Remili hors du fauteuil de directeur exécutif pour y mettre HCE qui, en même temps, occupera, au sein du nouvellement créé «Comité politique», celui de secrétaire national «chargé de l’administration exécutive du mouvement».

Mais la thèse de l’absence de la passation des commandes de Nidaa Tounes –par voie d’héritage- à Hafedh Caïd Essebsi, la nouvelle direction du parti a décidé d’aplatir l’organigramme en annulant la nomination de HCE au poste de directeur exécutif pour le confiner dans celle de responsable administratif et financier et mettre en place ainsi une direction collégiale jusqu’au congrès électif en juillet 2016. A supposer que ce soit vrai, l’octroi du portefeuille de l’administration et de finances constitue un sérieux atout et coup de pousse à HCE, car c’est le plus important d’entre tous.

Le fils du président de la République mérite cela? Mérite de figurer «parmi» les dirigeants du parti –alors que beaucoup pensent que grâce au contrôle que son père continue d’exercer sur cette formation il en est déjà le véritable maître? A-t-il la légitimité requise –autre que celle de son bulletin de naissance- pour être là où il est aujourd’hui?

Avant la création de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi dans le monde politique tunisien. Son seul fait d’armes dans ce domaine se limitait à une appartenance au Parti Social Libéral (PSL) dont il était loin d’être l’un des principaux dirigeants.

En novembre 2015, le fils du président de la République s’est présenté, lors d’une émission de Nessma TV, comme l’un des fondateurs du parti présidentiel. Or, c’est une absolue contre-vérité historique. HCE n’a fait son entrée au Comité fondateur que lorsque son père a décidé, lors de la dernière réunion du Bureau exécutif à laquelle il a participé avant de prendre ses fonctions de président de la République, de l’élargir à trois membres du parti: Mohamed Ennaceur, Mohamed Fadhel Ben Omrane et son fils. Ce qui a ouvert la voie à la mise en œuvre du plan «hold-up sur Nidaa Tounes».