De la navette autonome au robot nounou, Robosoft invente les machines du futur

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ège de son entreprise à Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques (Photo : IROZ GAIZKA)

[04/06/2015 11:49:36] Bidart (France) (AFP) Robots nettoyeurs de la Pyramide du Louvre, minibus sans chauffeur déjà testé avec succès dans les rues de La Rochelle, et bientôt robot “nounou”: la société Robosoft développe au Pays basque les engins automatisés et autonomes du futur.

Chez Robosoft, la grande vedette du moment est “Citymobil 2”, une navette électrique de 5 m de long et 1,5 m de large capable d’embarquer huit personnes à une vitesse de 15 à 20 km/h. Le tout sans pédale, ni volant et sans chauffeur, grâce à ses logiciels permettant d’éviter les collisions, qui ont brillamment passé leur examen en début d’année, en transportant pas moins de 20.000 passagers à La Rochelle.

“Le prototype est opérationnel”, assure le “père” de Citymobil, Vincent Dupourqué, PDG de la société implantée à Bidart (Pyrénées-Atlantiques).

“L’expérimentation a dépassé nos ambitions. A La Rochelle, où la navette a circulé gratuitement entre l’Université et l’Ancien Port sur une portion de 1,5 km avec cinq arrêts, dès que nous ouvrions un tronçon, ça se bousculait au portillon”, assure Vincent Dupourqué, 58 ans.

Ingénieur biomédical de formation, ce docteur ès-sciences physiques a créé Robosoft à Paris en 1985 avant de venir s’installer en 1994 sur la côte basque à la suite d’un contrat qui le liait à la société de transports de l’agglomération de Bayonne pour développer un “robot pompiste”.

Après La Rochelle, Citymobil 2 poursuit sa route à Trikala (Grèce), Sofia (Bulgarie) et Saint-Sébastien (Espagne). Ces expérimentations s’inscrivent dans le cadre d’un projet européen de recherche et de démonstration financé à 75% par la Commission européenne pour développer des systèmes de transport totalement automatisés et autonomes.

“La grosse attente était sécuritaire. Le risque zéro n’existe pas, mais nous avons démontré qu’il est limité au maximum”, indique le PDG.

“Pour détecter les obstacles, la navette balaie un faisceau laser sur 30 mètres devant elle, pour repérer tout problème et adapter sa vitesse jusqu’à l’arrêt. Potentiellement, elle peut suivre, sans le percuter, un piéton qui marche sur la ligne peinte au sol pour signaler son circuit. Sur les côtés, des ultrasons jouent le même rôle”, explique-t-il.

– Kompaï, robot garde-malade –

Dernier obstacle pour commercialiser cette navette autonome, dont le prix à l’achat varie entre 150.000 à 200.000 euros selon les options, la promulgation très attendue d’une directive européenne autorisant l’exploitation de véhicules sans chauffeur. “Elle devrait entrer en vigueur en 2016”, estime Vincent Dupourqué.

Centre-villes piétons, sites accueillant du public comme les hôpitaux… le marché potentiel est énorme mais “la concurrence est rude, qu’elle vienne de Chine, des Pays-Bas ou des Etats-Unis. Nous nous sommes alliés dans une joint-venture avec le constructeur français de voiturettes Ligier pour y faire face”, souligne le PDG.

Société généraliste, Robosoft fabrique des robots “à la demande”, pour des usages et secteurs très diversifiés. Son produit-phare est le fameux “Robuglass” qui nettoie automatiquement la Pyramide du Louvre à Paris.

Mais la société mise beaucoup sur la recherche dans la robotique de santé et planche sur un prototype de robot “nounou”, baptisé Kompaï, dont le but est de permettre le maintien à domicile des personnes dépendantes.

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à Bidart, dans les Pyrénées-Atlantique, le 19 mai 2015 (Photo : IROZ GAIZKA)

Un prototype devrait être prêt dès 2016, avec à terme en ligne de mire pour Robosoft une production de 10.000 exemplaires par an à 5.000 euros pièce. Un objectif raisonnable avec un marché potentiel de 200.000 à 300.000 unités rien qu’en France.

Avec un chiffre d’affaires en expansion à cinq millions d’euros en 2015, Robosoft emploie une quarantaine de personnes entre Bidart et Toulouse et prévoit d’en recruter une vingtaine d’autres d’ici à la fin de l’année.

Depuis l’an passé, Robosoft connaît un nouveau souffle financier grâce à l’arrivée du Français Gilbert Gagnaire, PDG de Fermat (logiciels bancaires), devenu actionnaire majoritaire.