Areva : forte mobilisation des salariés pour défendre les emplois

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à Cherbourg, le 2 juin 2015 (Photo : Charly Triballeau)

[02/06/2015 16:19:52] Paris (AFP) Barrages filtrants, sites de production à l’arrêt, manifestations: les salariés d’Areva se sont fortement mobilisés mardi pour défendre les emplois au sein du groupe nucléaire et dire non à son démantèlement, une première depuis l’annonce en mai de la suppression de 3.000 à 4.000 postes en France.

L’intersyndicale CGT, CFDT, CFE-CGC, FO et Unsa avait appelé les salariés à “un arrêt de travail” de 24 heures. Une mobilisation réussie, FO parlant de “plus de 90% de grévistes en moyenne sur les sites industriels”, la direction faisant état d’un taux de grévistes “entre 50% et 60%” sur les mêmes sites.

Cette mobilisation a lieu à la veille d’une réunion à l’Elysée sur la filière nucléaire. Elle se tiendra à l’issue du Conseil des ministres et rassemblera autour de François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls, ainsi que les ministres de l’Economie Emmanuel Macron, de l’Energie, Ségolène Royal et des Affaires Etrangères Laurent Fabius.

Dans ce contexte, “c’est bien que les salariés aient fait entendre leur voix”, s’est félicité Jean-Pierre Bachmann (CFDT) devant le siège du groupe à la Défense (Hauts-de-Seine), où environ 200 salariés se sont rassemblés. “Le message est clair: on veut que le groupe soit préservé et pérenne”, a-t-il ajouté. Que les salariés, qui sont “le vrai capital de l’entreprise”, ne soient “pas une variable d’ajustement”, a renchéri Cyrille Vincent (CFE-CGC) .

Détenu à près de 87% par l’État, Areva a accusé une perte nette d’environ 5 milliards d’euros en 2014. Le groupe qui emploie 44.000 personnes (dont 29.000 en France) a engagé un plan d’économies d’un milliard d’euros d’ici à 2017 qui devrait se traduire par la suppression de 6.000 postes, dont 3.000 à 4.000 en France. L’Etat a parallèlement appelé à un rapprochement entre Areva et EDF, qui s’est traduit par une offre de l’électricien sur Areva NP, la division réacteurs du groupe nucléaire.

La direction “va à marche forcée” sur le calendrier social, a dénoncé Pascal Evariste (CGT), alors qu'”aucune stratégie” n’est définie. “On nous propose de fausses solutions à de vrais problèmes”, a estimé José Montès (FO).

“Les salariés n’ont pas démérité, ce sont ceux qui sont là-haut qui ont démérité”, a poursuivi M. Evariste, au pied de la tour Areva. Pour exemple, il a cité les 20 millions d’euros par an que le groupe doit payer pour son ancien siège parisien dont “le bail n’a pas été résilié”. A titre de comparaison, “le gel des salaires décidé en novembre équivaut à 15 millions d’euros”, a-t-il ajouté.

La direction d’Areva a fait savoir de son côté qu’elle comprenait “l’inquiétude des salariés”, mais “quelles que soient les futures décisions prises sur la recomposition de la filière nucléaire, le plan de compétitivité du groupe est un impératif et un préalable au succès de tout scénario de sortie de crise”, a souligné l’entreprise.

– “Areva patron voyou” –

Partout en France, la mobilisation a été forte.

Dans le Nord-Cotentin, où se trouvent l’usine de retraitement de déchets nucléaires de la Hague et le chantier de la centrale EPR de Flamanville, 700 salariés, selon la CGT, se sont rassemblés devant la mairie de Cherbourg, sous une pluie battante.

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à Cherbourg, le 2 juin 2015 (Photo : Charly Triballeau)

A Marcoule (Gard), entre 200 et 300 personnes ont mis en place des barrages filtrants aux entrées du site, selon les syndicats et la gendarmerie. “On demande à l’Etat de se positionner rapidement et clairement sur ce que doit être l’équipe de France du nucléaire”, a dit Marie-Catherine Coatleven, déléguée CFE-CGC.

Dans la Drôme, à Pierrelatte, où la grève a pour conséquence l’arrêt des activités de production depuis lundi soir selon la direction, 250 employés du site du Tricastin selon la gendarmerie, 400 selon la CGT, ont manifesté entre la gare et la mairie. En Saône-et-Loire, sur le site de Saint-Marcel-Le Creusot, 250 personnes selon les syndicats, 150 à 200 selon la direction, ont débrayé.

A Cadarache (Bouches-du-Rhône), ils étaient aussi environ 150 à 200 à distribuer des tracts à l?entrée du site, selon la CGT, tandis que sur le site de la Comurhex (filiale spécialisée dans le raffinage et la conversion d’uranium) près de Narbonne (Aude), 70% des quelque 250 salariés avaient cessé le travail, selon FO et la CGT.

Sur la chaussée menant à ce site, “Areva patron voyou” était écrit en lettres rouges.