La notion d’éthique dans le secteur de la finance laisse à désirer

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étournant un billet de 1 dollar, le 18 mars 2015 à Athènes (Photo : Aris Messinis)

[22/05/2015 06:38:18] New York (AFP) La notion d’éthique dans le secteur de la finance laisse plutôt à désirer, selon une étude publiée alors que plusieurs banques viennent d’être condamnées à quelque six milliards de dollars d’amendes pour avoir manipulé le marché des changes.

Selon cette étude, réalisée par le cabinet d’avocats Labaton Sucharow en collaboration avec l’université de Notre-Dame, dans l’Indiana (centre), un tiers des employés du secteur qui font partie des salariés les mieux payés ont été témoins directs d’actes délictueux.

Environ un quart de ceux qui gagnent plus de 500.000 dollars par an (455.000 euros) reconnaissent aussi avoir subi des pressions pour accomplir des opérations contraires à l’éthique, selon cette étude consultée jeudi et réalisée auprès de 1.200 employés du secteur aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Parmi les autres résultats, 23% d’entre eux pensent que leurs collègues se sont livrés à de tels comportements pour se faire bien voir ou obtenir un avantage, soit plus du double de ce qu’une étude précédente faite en 2012 révélait, et près de la moitié pensent que les firmes concurrentes trichent.

Jordan Thomas, avocat auprès du cabinet qui a publié l’enquête, estime que les amendes infligées aux banques américaines et britanniques mercredi montrent l’ampleur du problème.

“Faire de l’argent à tout prix est l’objectif et non pas faire ce qui est bien et respecter la loi”, a-t-il affirmé. Il travaillait pour le gendarme boursier américain, la SEC, avant de rejoindre Labaton Sucharow.

Les traders qui ont manipulé le marché des changes s’étaient surnommés eux-mêmes “le cartel”, ce qui montre que “se livrer à des activités illégales faisait partie de leur culture”, a-t-il estimé.

M. Thomas fait d’ailleurs remarquer que 15% des professionnels interrogés disent que leurs supérieurs hiérarchiques ont souvent ignoré leurs alertes et soupçons quand ceux-ci concernaient l’un des banquiers ou traders les plus performants.

Par ailleurs, 28% des personnes interrogées indiquent que les règles de confidentialité en vigueur dans leur entreprise les empêchent de faire état de ces actes délictueux.

Les autorités américaines ont mis en place des procédures qui permettent à des employés témoins de tels actes de les rapporter tout en étant protégés.

La SEC avait ainsi condamné en avril, l’entreprise KBR à 130.000 dollars d’amende pour avoir imposé à ses salariés des règles de confidentialité leur interdisant de faire état à des parties tierces de malversations dont ils seraient les témoins.

Le cabinet d’avocat à l’origine de l’étude est lui-même spécialisé dans la protection de ces “whistleblowers” (lanceurs d’alerte).