Les entrepreneurs du monde entier cherchent à peser dans la conférence climat

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ésident François Hollande a annoncé la mise en place dès janvier 2019 de la réserve de stabilité du marché du carbone, lors du Business and Climate Summit, le 20 mai 2015 à Paris (Photo : PHILIPPE WOJAZER)

[20/05/2015 19:13:53] Paris (AFP) Plus de 250 chefs d’entreprise du monde entier, réunis depuis mercredi à Paris, formuleront jeudi leurs propositions aux décideurs politiques, pour les convaincre qu’ils ont des solutions mais ont besoin de soutien, avant la grande conférence climatique de décembre, la COP21.

Ce Business and Climate Summit, organisé au siège de l’Unesco à Paris, réunit depuis mercredi midi 1.700 visiteurs, venus de 50 pays, et doit aboutir à “une série de recommandations (qui) sera présentée aux décideurs politiques pour aider à la conduite du dialogue en vue de la conférence climat de Paris”.

“Nous avons besoin de votre soutien, à vous les gouvernements, pour déployer ces politiques” permettant de réduire les émissions de CO2, a appelé Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain et président de l’association Entreprises pour l’Environnement (EpE), co-organisatrice du sommet et qui rassemble une quarantaine de grands groupes.

Le sommet est l’un des principaux évènements en amont de la COP21, et est organisé en réponse à l’appel lancé en septembre 2014 par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui avait demandé au secteur privé de s’engager avant la conférence de décembre.

Il s’est ouvert mercredi après-midi, avec l’annonce par le président de la République François Hollande de la mise en place dès janvier 2019, soit deux ans avant le délai, de la réserve de stabilité du marché du carbone, permettant d'”avoir un marché du carbone qui va pouvoir avoir des conséquences sur les décisions d’investissements”.

“Si nous voulons véritablement envoyer des signaux au marché pour que les entreprises puissent prendre leurs décisions en fonction d’un optimum économique, qui peut être un optimum écologique, la question du prix du carbone est forcément posée”, a poursuivi François Hollande.

La conférence internationale sur le climat, la COP21, se déroulera à Paris début décembre, et vise à un accord mondial pour limiter le réchauffement climatique à 2°C.

Saluant cette réunion du monde économique, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a estimé mercredi “très important que le monde économique et financier cesse de considérer que les contraintes écologiques sont un poids”.

“De ce défi, nous devons faire une chance, une chance pour l’emploi, contre la pauvreté, pour la démocratie”, a-t-elle appelé, évoquant une “troisième révolution industrielle”.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius est attendu jeudi.

– “Pas seulement une question de profits” –

Pour le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, “les entreprises ont plusieurs rôles-clé à jouer”, et il est nécessaire de mettre en avant” le “rôle absolument crucial du secteur privé”.

Il a appelé à “une cohérence dans un panel de politiques beaucoup plus larges”, et estimé que “ce n’est pas seulement une question de profits, c’est une question de vie ou de mort”.

Pour le PDG de Statoil, Eldar Saetre, “le vrai défi, c’est de pouvoir se mettre d’accord sur les mesures nécessaires et efficaces”.

Une méthodologie a été mise au point par quatre organisations – WWF, Carbon disclosure project (CDP), United Nations global compact et World ressources institute – réunies au sein du groupe “Science based target” pour aider les entreprises à se fixer des objectifs d’émissions de CO2. Le but: mobiliser 100 entreprises d’ici fin 2015.

“80% des 500 plus grandes entreprises du monde disposent d’objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre ou de gestion de l’énergie, mais on estime que seule une douzaine des entreprises les plus proactives prennent en compte la nécessité de contenir la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C”, détaille ce groupe.

Une trentaine d’associations françaises, dont le Réseau Action Climat France, qui fédère plusieurs associations, avaient dénoncé “les mythes et les risques liés à certaines technologies promues par des entreprises à l’occasion de la COP21”.