Le foot, dernier atout de charme de la France en Chine

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à Pékin, le 15 mai 2015 (Photo : Ho)

[15/05/2015 20:19:52] Pékin (AFP) La France a dévoilé vendredi à Pékin un ambitieux programme pour attirer des milliers de touristes chinois à l’Euro-2016 de football et former 600 entraîneurs venus de Chine, pays à la traîne au classement de la Fifa.

Après la Tour Eiffel, les parfums de luxe ou les vins de Bordeaux, le ballon rond va donc participer à l’offensive de charme hexagonale auprès des Chinois, courtisés car réputés dépensiers en vacances.

“J’attends beaucoup de touristes chinois à cet Euro, et je voudrais profiter du fait qu’ils viennent pour leur montrer à la fois les villes des tournois, mais aussi les régions”, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, en déplacement vendredi et samedi en Chine.

L’objectif est de vendre aux Chinois 15.000 billets de l’Euro-2016, dont 20% de places “hospitalité” (loges), a détaillé Julian Gornall-Thode, vice-président de la société Shankai chargée d’assurer localement la promotion de l’événement.

Dans cet effort, Paris s’est assuré les services d’Alain Perrin, le sélectionneur de l’équipe nationale chinoise, qui a échangé vendredi quelques passes de ballon –à la main– avec le ministre français des Affaires étrangères.

“L’Euro-2016, c’est le plus haut niveau mondial derrière la Coupe du Monde, donc je crois que les Chinois vont répondre présent”, a estimé l’ancien entraîneur de Lyon et de Marseille.

Les Chinois se passionnent pour les championnats européens, a-t-il souligné, or “les joueurs emblématiques, les Robben, les Ronaldo, vont être justement à l’Euro”.

“Le président chinois (Xi Jinping) est un amoureux du football, c’est un fan”, a également rappelé Alain Perrin, qui bâtit discrètement sa réputation en Chine, sans toutefois y atteindre la notoriété d’un Zinedine Zidane.

Pour vanter l’Euro-2016, les médias chinois vont aussi être mis à contribution, en étant conviés au tirage au sort de la phase finale, en décembre à Paris.

Le groupe de presse Titan sports –qui publie l’équivalent chinois du quotidien l’Equipe– sera invité à réaliser douze vidéos touristiques de trente minutes, destinées aux puissants réseaux sociaux et aux principales web-télés du pays.

– Objectif 5 millions de Chinois –

Certaines des dix villes hôtes de l’Euro, comme Nice ou Lyon, ont “déjà un positionnement très fort sur le marché chinois”, explique Frédéric Mazenq, directeur en Chine d’Atout France.

Pour ces métropoles, l’Euro-2016 sera “une corde de plus à leur arc” et “surtout une chance de générer des nuitées supplémentaires”.

Pour les autres villes, moins connues en Chine, l’Euro représente “une première chance d’entrer sur le marché (chinois), de faire parler d’elles”.

Quelques jours après que 6.400 salariés du groupe Tiens, invités par leur patron sur la Côte d’Azur, ont fait les gros titres de la presse, le tourisme de masse chinois reste donc d’actualité.

La France a accueilli l’an dernier deux millions de touristes chinois, et l’objectif est désormais de passer à cinq millions d’ici 2020, a annoncé M. Fabius.

Paris compte par ailleurs capitaliser sur son savoir-faire en matière de formation sportive.

Fin 2014, le gouvernement chinois a en effet décidé que l’enseignement du football serait assuré dans un nombre croissant d’écoles. La Chine est habituée à rafler les médailles dans des sports tels que la gymnastique ou le badminton, mais reste décevante sur les pelouses.

Classée au 82e rang mondial par la Fifa, elle était tombée en mars 2013 à la 109e place, son plus bas niveau historique.

Les Chinois “ont du mal à faire monter le niveau”, confirme Laurent Petrynka, directeur de l’Union nationale du sport scolaire.

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à Pékin (Photo : Goh Chai Hin)

“Ils comptent beaucoup sur la structuration via l’école, puisque le tissu associatif classique, que nous connaissons en Europe, n’est pas développé”.

Paris et Pékin ont donc signé un accord de coopération prévoyant la formation en France, par le CREPS Toulouse Midi Pyrénées (Centre de ressources, d’expertise et de performances sportives), de centaines de professeurs de gymnastique et entraîneurs de football en milieu scolaire.

Un premier contingent de 240 entraîneurs chinois sera suivi dès la rentrée scolaire prochaine de 200 autres, puis d’un troisième équivalent, soit environ 600 sur un an, selon Philippe Mogentale, attaché de coopération éducative à l’ambassade de France à Pékin.