Développement : la Banque mondiale trace la route vers “zéro émission” de CO2

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ésidente de la Banque mondiale Rachel Kyte à Nairobi, le 3 février 2012 (Photo : Tony Karumba)

[11/05/2015 20:05:42] Paris (AFP) Politiques climat de long terme, tarification du carbone et mesures pour faciliter la transition énergétique des plus pauvres: ces trois étapes sont jugées essentielles par la Banque mondiale pour parvenir à zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2100 et “stabiliser le climat”.

“Il convient de restructurer l’économie mondiale si l’on veut réduire à zéro les émissions (de gaz à effet de serre) nettes avant la fin de ce siècle”, affirme dans un communiqué de la Banque mondiale (BM) sa vice-présidente Rachel Kyte, à l’occasion de la parution lundi d’un rapport intitulé “Décarboniser le développement: trois étapes vers un futur sans carbone”.

“Les priorités (de la BM) aujourd’hui sont dictées par l’objectif de décarbonisation totale à long terme”, renchérit Stéphane Hallegatte, économiste senior à la Banque mondiale, lors d’une présentation du rapport à Paris.

“L’objectif de 0 émission est une certitude pour stabiliser le changement climatique”, insiste Stéphane Hallegatte et “zéro émission, il faut le faire avant 2100 pour rester sous les 2°C” de réchauffement, l’objectif de la communauté internationale.

A quelques mois de la conférence climat de Paris (30 nov-11 déc), qui doit être un tournant majeur dans la lutte contre le réchauffement de la planète, la BM affiche clairement ses priorités: aider les pays en voie de développement à faire des choix pour les rendre moins dépendants des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), à bâtir des villes et des transports moins énergivores et les pousser à utiliser forêts et savanes comme des puits de carbone.

Pour aller vers le “zéro émission”, la préoccupation des Etats doit donc dès aujourd’hui être basée sur une vision de long terme, bien au delà de 2025 ou 2030, dates pour les prochains objectifs climatiques que les pays doivent annoncer avant Paris.

– Impérativement taxer le carbone –

Ensuite “il convient de lettre en place un vaste train de mesures, dont la tarification du carbone, pour créer les incitations nécessaires (…) à une croissance sobre en carbone”, estime la Banque mondiale.

Instaurer un prix du carbone – via une taxe carbone ou un marché du carbone – “est nécessaire”, affirme Stéphane Hallegatte. Mais “cela devra être complété par d’autres mesures comme des normes d’émissions de véhicules, d’efficacité énergétique, des plans d’électrification, de transports urbains”, ajoute-t-il.

Enfin, pour compenser une hausse des carburants dues à une tarification du carbone ou, dans un premier temps, à une suppression des subventions aux énergies fossiles, il est impératif d’aider les populations les plus pauvres.

Exemples: l’Iran et l’Indonésie ont retiré leurs subventions aux énergies fossiles et ont utilisé ce budget pour des aides directes aux foyers modestes. “Au Ghana, l’école primaire est devenue gratuite et des aides pour accéder à l’électricité ont été mises en place”, souligne également Stéphane Hallegatte.

Pour cet économiste, “le succès ou l’échec des politiques climat dépendra de leur capacité à contribuer au développement et à la lutte contre la pauvreté”.

Au delà de l’urgence à instaurer des politiques énergétiques de long terme en phase avec les objectifs climatiques, les perspectives de plafonner le réchauffement à 2°C reposent aussi sur la technologie.

Et notamment sur le captage et stockage du carbone, une technique controversée, pas encore mature et en mal d’investissements en raison du trop faible prix du carbone là où il est taxé.

Or, prévient Stéphane Hallegatte, “autant nous n’avons pas besoin du nucléaire pour décarboner l’économie, autant les stratégies changent radicalement si on enlève le captage et stockage du carbone”.